Le phénomène de la prolifération de l'habitat anarchique devient alarmant à Tizi Ouzou. Un rythme de plus en plus soutenu de la pression démographique a aggravé la situation. Actuellement, il constitue une entrave au développement et une source de problèmes socioéconomiques pour toute la région. L'éradication de l'habitat précaire est l'une des tâches les plus ardues qui restent encore posées avec acuité, ces dernières années, sur la table des services de l'urbanisme et de la construction (DUC) de la wilaya de Tizi Ouzou. Il est à dénombrer 104 sites d'habitat précaire sur l'ensemble du territoire de la wilaya. Les principales villes concernées sont Tizi Rached, Mekla, Irdjen, Tizi Ouzou, Draâ Ben Khedda, Tadmaït, Draâ El Mizan, Tizi Gheniff. Notons que la même enquête précise que les régions des Ouadhias, Azazga, Sidi Naâmane et Boghni sont touchées elles aussi par la prolifération des taudis et tout autre type d'habitat précaire. Il faut signaler que beaucoup de paramètres ont aidé au développement de ce phénomène. L'apparition des bidonvilles dans les périphéries des grands chefs-lieux communaux devient de plus en plus un fait qui dérange les autorités locales qui sont appelées à faire face à cette nouvelle forme d'exode rural. La distribution de la densité de la population dans la wilaya de Tizi Ouzou entre espaces urbains et campagnes commence ces dernières années à prendre le large. Les jeunes ménages se désintéressent d'habiter les villages. Les jeunes quittent les villages et préfèrent aller vivre en ville. Le dernier recensement général de la population et des habitations a montré que les villages se dépeuplent perpétuellement. Selon le constat établi par la wilaya, l'aide de l'Etat à la promotion de la l'habitat rural a donné des résultats probants en matière de lutte contre l'exode rural et la prolifération des bidonvilles mais il demeure que beaucoup reste à faire sur ce plan. Plusieurs villes en souffrent énormément A Draâ El Mizan, certaines personnes, par inconscience parfois ou par besoin, viennent des villages de Tazrout pour s'installer dans des bidonvilles jouxtant les espaces urbains. Ils recourent à ce type d'habitat qui s'est propagé dans les différents quartiers de la ville, notamment à la cité Caper et à proximité de l'hôpital Krim Belkacem. Actuellement, une trentaine de taudis sont à dénombrer sur les lieux. Ils entachent ainsi le cachet architectural et urbanistique de l'agglomération urbaine et donnent un visage morne à la ville. Ce phénomène, symbole du mal développement urbain, s'aggrave malgré la ferme volonté des autorités concernées de venir à bout des constructions anarchiques qui continuent de donner une image hideuse à la ville. L'exode rural continue d'alimenter les bidonvilles et autres foyers d'habitat insalubres implantés dans le centre urbain. L'afflux important des populations attirées par la forte attraction de ces cités dortoirs qui, selon nos constatations, sont devenues des lieux où rodent tous les maux qui gangrènent la société. Il faut noter que la prolifération d'un habitat sous intégré et notamment sa composante «bidonville» est considérée, à juste titre d'ailleurs, comme un point noir dans le tissu urbanistique et architectural. L'essor de ce phénomène nuisible à plusieurs niveaux s'est accentué en prenant la cause de l'insécurité comme raison de délocalisation d'habitations. Malgré les aides de l'Etat avec la somme de 70 millions de centimes dans le cadre de l'autoconstruction pour aider les citoyens à s'installer dans leurs villages respectifs, les citoyens fuient leurs domiciles ruraux et préfèrent vivre dans les bidonvilles situés dans la périphérie de la ville. A la cité de l'Indépendance, des voix se sont à maintes fois élevées pour dénoncer le laxisme observé quant à la lenteur du traitement par les autorités concernées de leur problème lié principalement à la demande d'un logement décent pour remplacer la vie des taudis. Pas moins de 250 familles vivent dans des conditions déplorables. Au service de l'APC, pas moins de 15 listes chacune comptant des dizaines de demandeurs de l'aide de l'Etat à l'autoconstruction attendent dans les tiroirs. Satisfaire tout le monde relève de l'utopie ! Pas loin du chef-lieu de la daïra de Tizi Gheniff, sur les bordures de la RN68, le village Tamdikt, relevant administrativement de la commune de M'kira, abrite un bidonville qui compte 160 familles. Il est utile de signaler que 30 cas ont pu construire leur logement dans le cadre de l'aide de l'Etat à l'autoconstruction. Mais faute de disponibilité d'un terrain constructible, les autres familles continuent de souffrir en silence. Selon nos sources, un projet de construction de 145 logements attend son lancement près des lieux. Au chef-lieu de la daïra de Boghni, 48 familles avaient été recasées en 1991, par décision du P/APC, à la cité dite Base de vie. Cette décision a été prise à la hâte pour assurer un toit temporaire aux familles en question en attendant de les affecter dans des logements plus confortables. Rappelons que des taudis ont été érigés dans le périmètre. Il y a aussi le risque de l'apparition de maladies causées par l'amiante, un risque majeur qui plane sur la vie des habitants. Les conditions de vie laissent à désirer dans ces lieux situés à la sortie de la ville de Boghni en allant vers Tala Guilef, ce qui a poussé les habitants de la cité Base de vie à porter leurs doléances à maintes reprises auprès des instances concernées. Mais le problème du foncier se pose avec acuité. Dernièrement, un projet a été destiné pour endiguer le problème et du coup atténuer les souffrances des habitants de la Base de vie de Boghni. Selon nos informations, les habitants ont refusé à ce que ces logements soient construits ailleurs. Ils demandent à ce qu'ils soient construits sur les mêmes lieux où ils vivent depuis des années. Après concertation avec les autorités locales et de la wilaya, les occupants de la cité Base de vie ont apparemment eu gain de cause. Soixante-dix logements seront construits à la Base de vie de Boghni. On attend juste le lancement du projet. A Taboukert, Chaoufa et aussi à Oued Aïssi, le visage des alentours de la route menant vers Azazga où ces bidonvilles ont pris place est hideux. Depuis maintenant des années, les lieux sont sans changement. La situation s'aggrave davantage avec la multiplication des taudis et des baraques de zinc. En attendant,des souffrances au quotidien Les citoyens qui vivent dans les bidonvilles souffrent le martyre à longueur d'année. L'hiver est porteur de froid et surtout de maladies pour les enfants et les personnes âgées, alors que l'été est synonyme d'une vraie fournaise, de chaleur et d'essaims de moustiques. La question la plus lancinante est celle liée aux besoins en eau. Ces citoyens ne savent pas à quel saint se vouer afin de satisfaire leurs besoins en eau durant les journées caniculaires. Notons que les eaux usées risquent de provoquer l'irréparable dans ces lieux impropres où règne saleté, odeurs méphitiques. En l'absence des commodités les plus élémentaires, une situation déplorable risque de provoquer l'irréparable. Les fils électriques dans la plupart des bidonvilles présentent un danger imminent pour les enfants en bas âge. Selon les informations recueillies auprès des habitants des bidonvilles, les autorités locales refusent de prendre en charge leurs doléances. Celles-ci se résument, entre autres, à les évacuer vers d'autres habitations plus confortables. Quelle priorité pour éradiquer les bidonvilles ? Les villes propres de la wilaya de Tizi Ouzou ainsi que ses paysages qui font rêver ont subi des détériorations inimaginables. L'avènement du phénomène de «bidonvillisation» de nos quartiers a changé catégoriquement le visage esthétique de nos villes. Beaucoup de citoyens ne trouvent aucune gêne pour aller squatter des terres appartenant aux collectivités afin d'y ériger un taudis ou une baraque en zinc. Une réalité amère. Eradiquer ce phénomène n'est pas une mince affaire. Cela nécessite des efforts colossaux de la part des responsables locaux pour parvenir à satisfaire les uns et les autres. Signalons au passage que le manque de budgets alloués pour prendre en charge ce chapitre d'une façon sérieuse est à l'origine de son intensification dans plusieurs communes de la wilaya. Faute d'une loi pénalisant les nouveaux occupants des bidonvilles, des citoyens sans scrupules ne se gênent pas de prendre la place des anciens habitants des lieux relogés. Une question de tourner en rond sans solution finale.