Après quelques jours d'accalmie, Constantine renoue avec la contestation. La colère des habitants des bidonvilles, délaissés par le programme de résorption de l'habitat précaire, monte chaque jour d'un cran pour culminer en émeute. Après avoir assiégé les locaux de l'arrondissement urbain de Ziadia et pris en otages employés et responsables, il y a un mois, les occupants des sites Fellahi I, Fellahi II, Djaballah et Cheikh Ahmed-Hocine, situés à cinq kilomètres de Constantine, les habitants sont revenus à la charge en investissant, séparément, mais en coordination, la rue pour interpeller les autorités qui sont restées, jusque-là, aphones. Tôt dans la journée d'hier, ils érigeront, sous l'œil vigilant des agents de l'ordre public, des barricades de fortune, faites de blocs de pierres, amassés la veille au soir, sur l'axe routier menant à plusieurs cités urbaines dont Ziadia, la Boum et Djebel Ouahch. La circulation très dense à ce niveau, surtout en ce début de semaine, sera largement perturbée pendant plusieurs heures, pénalisant non seulement les automobilistes, mais aussi les étudiants habitués à être transportés par des navettes vers les différents campus. Sollicitant une entrevue, mercredi dernier, avec le P/APC de la ville du Vieux Rocher, les protestataires rabroués, selon leurs dires, avertiront de la tenue, samedi, d'une action protestataire. Dès, vendredi soir, à 22h, les habitants du bidonville mettront à exécution leur plan pour prendre de court les autorités. Ces dernières réitèrent leur discours récurrent, qui renvoie le relogement des concernés aux calendes grecques. L'application du programme de “débidonvillisation” devrant prendre fin en début 2004 “a été menée par ordre de priorité” dans une ville ceinturée par plusieurs sites d'habitats précaires, selon les déclarations du chef de daïra. Ce bidonville datant des années soixante ne sera pas rasé dans un proche avenir comme l'ont été ceux du Polygone, d'El-Mansourah ou de New York. N. D. LES OULD AMRI DE NOUVEAU DEVANT LA WILAYA DE BOUMERDÈS “Que le Président se prononce !” La famille et les proches du défunt Ould Amri Abdelkader tué, pour rappel, le 12 octobre dernier, par les éléments de la BMPJ de Boudouaou, ont observé, hier, un sit-in devant le siège de la wilaya de Boumerdès pour exiger une “suite” à leur lettre ouverte adressée, il y a de cela dix jours, au président de la République, dans laquelle la famille de la victime demandait la mise en place d'une commission d'enquête indépendante, pour faire la lumière sur le meurtre de son fils et le jugement des auteurs de l'assassinat abject d'Ould Amri Abdelkader. Les manifestants — une centaine environ —, tout en réitérant une nouvelle fois leur refus que l'enquête soit menée par le parquet de Boumerdès, s'insurgent contre le silence radio observé par les plus hautes autorités du pays, particulièrement le chef de l'Etat qui, affirment-ils, bien qu'il soit saisi de cette affaire, n'a pas encore daigné se prononcer. À noter qu'une délégation a été reçue par le wali de Boumerdès, mais l'entrevue entre les deux parties n'aurait toujours pas satisfait les parents de la victime. MOHAMED B.