Les événements s'accélèrent en Syrie. L'opposition, qui a exprimé à plusieurs reprises son refus d'une intervention militaire étrangère pour protéger la population civile, réclame le déploiement d'observateurs internationaux pour dissuader les forces de l'ordre de s'en prendre aux civils et l'entrée des médias internationaux pour couvrir les événements. Les Américains, les Britanniques et les Français, qui ne semblent pas prêts encore à s'engager comme en Libye, où l'Otan a instauré une zone d'exclusion aérienne pour assurer la protection de la population, veulent pousser le Conseil de sécurité à adopter une résolution qui ferait plier le régime syrien. Les Russes, qui se sont abstenus, comme les Chinois, lors du vote de la résolution 1973 qui a permis l'intervention de l'Otan en mars en Libye, s'opposent. Dmitri Medvedev, qui a reçu vendredi une délégation de l'opposition syrienne et qui entendra demain, Boutheina Chaabane, la conseillère du président Bachar Al Assad, est réticent. Prêt à soutenir une variété d'approches pour régler la situation en Syrie, le président russe, qui «ne veut pas voir une répétition du scénario libyen» en Syrie, refuse toute stigmatisation des «actes» du régime syrien. D'autant, dit-il, que cette opposition est infiltrée, comme l'affirme, depuis le 15 mars, Al Assad, par des «terroristes». Il préconise l'envoi d'un message «sévère» à toutes les parties du conflit pour qu'elles se mettent autour d'une table pour négocier. Un message épousant ou presque à la feuille de route de la Ligue arabe. Nabil El Arabi, qui rejette toute intervention étrangère, a remis hier à Al Assad un plan en 13 points l'enjoignant à «arrêter immédiatement la répression, entamer des contacts sérieux avec l'opposition, libérer les prisonniers politiques et préparer la tenue d'une élection présidentielle en 2014». L'opposition, qui attend de Moscou un «rôle plus positif», ne veut pas entendre d'élection présidentielle en 2014, un point de la feuille de route arabe et de l'initiative diplomatique russe permettant peut-être de trouver une solution politique à cette crise et surtout de maintenir au pouvoir Al Assad jusqu'à la fin de son mandat, car, selon Le Caire et Moscou, sa chute pourrait ouvrir la voie à des forces islamistes radicales. Forte du soutien au Conseil de sécurité de Paris, Washington et Londres qui «cherchent à accélérer» le départ d'Al Assad, l'opposition refuse de lâcher prise. Ne croyant pas trop en les chances d'un dialogue avec le régime, elle demande, elle aussi, le départ dans l'immédiat du président syrien, accusé par les trois capitales et Ankara, de «crimes contre l'humanité». Certains opposants, qui ont compris qu'après la Libye, la Syrie excite les appétits des Américains, des Britanniques et des Français, sont tentés par les armes. Quelques groupes en armes ont déjà fait leur apparition.