Pour les cadres de Sonatrach et leur famille, l'annonce du report a été appréciée différemment. Il était un peu moins de 15h, lorsque le magistrat près la cour d'appel d'Oran demande aux avocats des cinq inculpés de l'affaire dite Sonatrach-Safir s'ils sont bien d'accord pour un report de l'audience. Acquiescement général, et la date du 23 novembre est donc annoncée par le magistrat. Depuis le début de l'après-midi d'hier, tout laisse présager un report de cette affaire pour laquelle les ex-dirigeants de Sonatrach ainsi que trois cadres ont été jugés et condamnés en première instance, le 27 avril dernier, à savoir Med Meziane, ex-P-DG de Sonatrach ayant écopé d'une peine de deux ans de prison, dont une ferme, l'ex-vice-président de l'activité Aval, A. Feghouli, Benamar Touati, ex-P-DG de la filiale Cogiz, Henni Mekki, DG des études et développement à Sonatrach Aval, et Nechnech Tidjini, DG de la société mixte algéro-française Safir, tous les quatre condamnés à un an de prison, dont quatre mois ferme. Selon toute vraisemblance et compte tenu du nombre d'affaires, 63 en tout, qui étaient programmées pour cette audience depuis le début de la matinée d'hier, les avocats ont convenu de demander un report, constatant même que l'ensemble du dossier ne se trouvait même pas dans la pile posée devant le magistrat. Jugés en première instance au niveau du pôle pénal spécialisé d'Oran pour des chefs d'inculpation de passation de marchés contraires à la réglementation et dilapidation des deniers publics, les cinq cadres s'en sont retournés, après des retrouvailles, dans la salle d'audience. Med Meziane et A. Feghouli gardant chacun ses distances vis-à-vis de l'autre. Pour les cadres de Sonatrach et leurs familles, l'annonce du report a été appréciée différemment. “sans salaires depuis l'éclatement de l'affaire en décembre 2010, complètement oubliés par le groupe à qui nous avons tout donné pendant 30 ans, malade, ce sont nos familles qui, jusqu'à ce jour, ne vivent plus”, nous diront plusieurs d'entre eux. Pour rappel, cette affaire concernait un marché de réalisation d'un complexe de stockage d'azote, composé de deux stations, une à Arzew, d'une capacité de 1,5 million de litres (10 bacs de 150 m3 chacune), et l'autre à Ouargla, d'une capacité de 600 000 litres (4 bacs), d'un coût global de près de 680 millions de dinars. Il était reproché aux dirigeants de Sonatrach d'avoir conclu le marché de gré à gré en le scindant en deux tranches et en le confiant à la société algéro-française Safir où Sonatrach était majoritaire. Par ailleurs, ce procès vient d'être reporté au moment où l'autre dossier Sonatrach à Alger vient de connaître une requalification des faits.