Rebondissement dans l'affaire française dénommée Karachigate. Depuis quelques jours, l'enquête éclabousse un peu plus, jusqu'à se rapprocher du locataire de l'Elysée. Après la mise en examen de proches collaborateurs de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur, ce sont des proches de Nicolas Sarkozy qui sont mis en cause ! Aujourd'hui, c'est un de ses lieutenants, Brice Hortefeux, qui est dans la tourmente. L'ex-ministre de l'Intérieur, qui s'était particularisé par une arrogance irraisonnée contre tout ce qui n'est pas Français de souche, multipliant les conduites aux frontières d'immigrés notamment originaires du sud de la Méditerranée, a violé le secret de l'instruction judiciaire en dévoilant les dernières révélations faites aux enquêteurs, par son ex-femme. Hélène Gaubert affirme au juge chargé de l'affaire avoir vu son époux, dont elle est séparée aujourd'hui, transporter à l'époque de la campagne Balladur en 1995, “des valises remplies de billets” ! Devenu conseiller de Sarkozy, Hortefeux a-t-il eu accès au dossier d'instruction, s'est demandé le quotidien parisien Le Monde ? Si oui, et tout porte à le croire, c'est tout le sacro-saint principe de l'indépendance de la justice française que bassine sans arrêt la classe politique française, qui vole en fumée. L'Elysée n'a pas eu d‘autre argument que de “dénoncer une manipulation politicienne”. Un classique depuis que Nicolas Sarkozy est aux affaires de la France. Par ailleurs, selon les médias français, jamais la France n'aura été autant secouée par des “casseroles” et des “dossiers noirs”. L'affaire Karachi prend l'allure de “scandale d'Etat” car les soupçons d'un financement occulte de la campagne de Balladur par le biais de rétro-commissions versées, grâce aux contrats d'armement passés par la France au Pakistan, se renforcent plus que jamais. Le juge en charge de l'affaire aura, quoiqu'il en soit, des difficultés à le cacher. Et, à l'époque, Sarkozy faisait partie de la garde rapprochée de Balladur, chef du gouvernement de la cohabitation de François Mitterrand, qui pensa s'ouvrir la porte de l'Elysée. Il avait tout fait pour coiffer au poteau Jacques Chirac, maire de Paris mais “dinosaure” dans le paysage politique post-De Gaulle. L'opposition française boit du petit lait. Marine Le Pen fait des gorges chaudes sur l'affairisme de la droite, qu'elle accuse de plagiat sur les thèmes sécuritaires et l'immigration. L'UMP a effectivement fait du copier-coller sur ce qui était la carte d'identité du Front national : la France aux Français de souche, la guerre aux immigrés et l'islamophobie. Pour François Hollande, le socialiste que les sondages donnent comme le rival sérieux de Sarkozy à la présidentielle de 2012, le pouvoir fait clairement pression sur la justice. Le favori de la primaire socialiste n'y va pas de main morte : il dénonce les “interférences” du pouvoir sur la justice. Un vrai cauchemar pour Sarkozy qui veut se succéder à lui-même et qui a pensé s'extirper du lourd climat franco-français par son activisme international. En Libye et dans les autre pays arabes qui seront, d'une manière ou d‘une autre, gagnés par la contagion du printemps arabe. En Europe pour la sauvegarde de l'euro et sur la scène internationale financière où les mises en garde du président français sont restées sans écho. Quasiment tous les médias français consacrent leur couverture à la récente accélération de l'affaire Karachi. Les révélations se sont accumulées, alimentées par les progrès d'une seconde enquête que le parquet de Paris tenta d'invalider. Puis, mercredi et jeudi, deux proches de Nicolas Sarkozy étaient mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux. Ils tenaient un rôle central dans la négociation des contrats d'armements au Pakistan et à l'Arabie Saoudite en 1995, selon des documents publiés mercredi par Mediapart, le journal électronique d'Edwy Plenel. Et la décision de verser des commissions à des intermédiaires lors de contrats d'armements était du ressort du ministre du Budget…un certain Nicolas Sarkozy. Ce dernier a, de toutes les façons, approuvé les montages fiscaux de la vente, en sa qualité de ministre du Budget.