Le tandem Poutine-Medvedev va rester mais les rôles vont être intervertis. Après des mois de spéculations sur les intentions du tandem à la tête de l'Etat russe, le président Dimitri Medvedev a indiqué que le Premier ministre Vladimir Poutine serait candidat à la présidentielle lors d'un congrès à Moscou du parti au pouvoir Russie unie. Poutine a confirmé qu'il sera candidat à la présidentielle de mars 2012. Quant au président Dimitri Medvedev, qui conduira les listes du parti Russie unie aux législatives de décembre, reprendra sa place de premier ministre qu'il avait transmise à Poutine. Le retour attendu au Kremlin de Poutine renforce sa position d'homme fort de Russie au pouvoir depuis déjà plus d'une décennie. Nommé premier ministre en août 1999, Poutine dirige de facto la Russie depuis 2000 et la démission du président de l'époque, Boris Eltsine, miné par la maladie et l'alcool. Après deux mandats présidentiels, il est redevenu premier ministre en 2008. Mais l'homme qui l'a remplacé au Kremlin à cette époque ne s'est jamais vraiment opposé à lui, démentant systématiquement les rumeurs sur l'existence de tensions entre eux. Poutine pourra rester au pouvoir jusqu'en… 2024. Avant de confier les clefs du Kremlin à son dauphin Medvedev, il n'a pas touché à la clause de deux mandats consécutifs établis par la Constitution, uniquement pour ne pas paraître aux yeux de l'opinion occidentale comme un président de république bananière, mais il a augmenté le mandat du prochain président de deux années. En 2012, il fera donc six années, contre quatre actuellement, à la suite d'une réforme de la Constitution adoptée fin 2008. Et en 2018, il pourra donc refaire un quatrième mandat après la parenthèse Medvedev. Celui-ci, désigné cette semaine pour conduire la liste du parti ultra-majoritaire de Poutine aux législatives du 4 décembre, a déclaré qu'il était prêt à travailler activement au gouvernement dont il pourrait devenir Premier ministre, selon Poutine. Une partition de chaises musicales. Medvedev aura été finalement à l'ombre de son mentor dont le retour à la tête de la Russie ne fait guère de doute en raison de l'absence d'opposition, laminée sous son régime. “C'est le pire scénario qui pouvait arriver à la Russie”, a estimé Boris Nemtsov, un ex-vice-premier ministre de Boris Eltsine, dont le parti d'opposition Parnas ne peut présenter de candidats aux législatives, les autorités ayant refusé de l'enregistrer. Pour l'opposition, unanime, ce troisième mandat de Poutine signifie un serrage de vis : encore moins de libertés publiques, plus d'émigration, davantage de fuite de capitaux et une augmentation de la corruption qui a déjà gangrené le pays. Le retour de Poutine au Kremlin pourrait s'accompagner de sérieux problèmes économiques, sociaux et politiques, estime l'économiste russe Evgueni Gontmakher, en raison d'un affaiblissement de la croissance lié aux graves difficultés dans la zone euro et aux états-Unis, susceptible d'entraîner une dégradation de la situation en Russie dans les prochaines années. Le scrutin présidentiel russe aura lieu le 4 mars 2012, et le parti du tandem Poutine-Medvedev est donné gagnant.