C'était un climat d'apocalypse ; plusieurs véhicules et autres objets mobiliers déferlaient en plein oued, rappelant malheureusement les inondations de Bab El-Oued. Une heure d'averses torrentielles, de 17 à 18 heures, a suffi pour donner à El-Bayadh l'image d'une ville fantomatique, scindée en deux blocs, durant toute la nuit de samedi à dimanche, résultat des fortes crues de l'oued qui traverse la ville. Le bilan est tellement effrayant à telpoint qu'un plan Orsec a été mis en place par les autorités de la wilaya et l'on s'attend à plus de gravité d'autant plus que les conditions ayant régné durant toute la nuit tragique offraient moins de possibilités pour l'établissement d'un bilan réel. D'après les premiers éléments d'information, 8 cadavres ont pu être repêchés par les éléments de la Protection civile et 2 personnes sont toujours portées disparues, dont un bébé âgé de 9 mois. 43 blessés ont été transportés à l'hôpital, dont 33 demeurent en observation et 10 ont rejoint leur domicile après avoir reçu les soins nécessaires, tard dans la nuit du samedi. 127 familles déclarées sinistrées ont été hébergées dans des établissements scolaires suite à la destruction totale de leurs habitations, notamment celles situées dans les anciens quartiers de Legraba, Ksar Boukhouadha et de Oued Ferane, situés sur les rives de l'oued en furie qui a vu ses crues déborder à plus de 300 mètres. Des dizaines de maisons et de commerces ont été complètement inondés, générant des pertes matérielles importantes. Deux ponts essentiels du centre-ville ont cédé sur le champ aux fortes crues, une situation qui a compliqué aussi bien l'intervention des éléments de la Protection civile que celle des citoyens, appelés à la rescousse afin d'apporter leur aide. Des archives du musée du Moudjahid, il ne reste que des traces du désastre, des murs défoncés et des portes arrachées par des flots d'une rare violence. Une station service, jouxtant ce musée, a été complètement rayée de la carte, tout cela devant les yeux de centaines de citoyens, campés sur les toits de leurs maisons, incapables de quoi que ce soit. Même les services de sécurité étaient débordés. Mêlés aux cris des femmes à la recherche de leurs enfants et à l'incrédulité d'autres citoyens, ils trouvaient du mal à se frayer un chemin à travers le peu d'espace qui offrait un semblant de quiétude. un climat apocalyptique Plus d'électricité, ni de gaz et encore moins de ruelles à prendre sans risque. Plusieurs véhicules et mobiliers déferlaient en plein oued, rappelant malheureusement les intempéries de Bab El- Oued. Le bruit assourdissant des crues et l'ampleur des dégâts a eu raison de dizaines de personnes âgées, transportées en urgence à l'hôpital du centre-ville. D'après certains anciens habitants de la localité, la dernière fois que cela a été constaté remonte à janvier 1954 où des dizaines de morts ont été enregistrées. Aussitôt l'accalmie retrouvée, vers 23 heures, des sirènes se font entendre à travers toute la ville. Des familles entières sont transportées vers des établissements scolaires, notamment pour celles n'ayant pas trouvé d'espace chez les voisins. Au total, elles sont 127 à être relogées dans la nuit, avant d'être transférées, hier, dans la journée, vers les locaux de l'ex-Sonipec, en attendant l'installation d'un camp provisoire. La cellule de crise installée par le wali a donné instruction à la Direction de l'éducation de suspendre tous les cours durant deux jours, en attendant le rétablissement des voies d'accès. 120 pompiers des wilayas avoisinantes ont été appelés en renfort afin d'accélérer l'opération de recherche des personnes disparues dont le nombre serait très important selon les habitants. Du côté du barrage de Brezina où tout s'accumulait, la catastrophe a été évitée de justesse grâce à l'ouverture de vannes effectuée dans la journée, chose qui n'a malheureusement pas pu éviter la mort d'un garçon de 12 ans, emporté par les eaux. D'une capacité de 120 millions de mètres cubes, ce barrage a vu sa digue déverser ses eaux alors que ses vannes de maintenance étaient déjà ouvertes. Et comme à chaque catastrophe, chacun y va avec sa version, des têtes sont indexées selon le degré de leur responsabilité. Le deuxième sinistre en trois ans C'est ainsi, d'après plusieurs commentaires, qu'on parle de l'oued qui traverse la ville d'El-Bayadh et qui a été complètement dévié de sa trajectoire, repoussé par des bâtisses sans aucun fondement. Aussi, même le projet lancé par la DHW pour protéger la ville, prévoyant un voile en béton armé au lendemain des intempéries d'octobre 2008, n'a rien pu éviter surtout qu'il demeure encore en chantier. Du projet de la station d'épuration, dont la canalisation jouxte l'axe de l'oued, point de traces. Ainsi, ces deux grands chantiers, qui ont coûté des centaines de milliards de centimes au Trésor public, n'auront servi à rien si l'on tient compte de l'ampleur des dégâts constatés. D'ailleurs, il ne s'agit pas du seul constat puisque les commentaires font aussi référence à la défection de toute la canalisation des eaux fluviales de la ville, chose qui a donné plus de force aux crues dont une partie a carrément inondé des domiciles pourtant loin de la menace de l'oued. Le wali, qui était en contact avec ses collaborateurs depuis Tiaret où il participait à la rencontre régionale du pacte économique, était dans tous ses états hier dans la matinée lors de la réunion de crise qu'il a tenue avec l'exécutif, qui a porté essentiellement sur les aides à apporter aux familles touchées mais aussi sur le caractère de sinistrée de la ville. Il n'a en outre, pas omis d'appeler la population à plus de solidarité et de retenue en pareille circonstance. Pour rappel, c'est la deuxième fois, en l'espace de trois ans, que la wilaya d'El-Bayadh est touchée par de sévères intempéries, après celle du 27 octobre 2008 où l'on avait enregistré 3 morts et plus de 10 milliards de dinars de dégâts matériels. Cette fois, le bilan est plus lourd sur tous les plans même si c'est uniquement le chef-lieu de wilaya qui est touché alors qu'en 2008, ce sont 9 communes qui ont été classées sinistrées. Enfin, sur le plan pluviométrique, les services de météo Algérie, représentés par M. Boucemaha, parlent d'un fort excédent d'eau qui a atteint les 120 mm causant l'inondation de toute la ville, en se déversant des montagnes qui l'entourent.