Les Américains doutent de plus en plus fort de la capacité de George Bush à restaurer la paix en Irak et à y établir une démocratie. Tel père, tel fils ? Six mois après la fin de la deuxième guerre du Golfe et la chute du tyran Saddam Hussein, la situation à Bagdad est plus que jamais inquiétante au grand dam du triomphalisme des dirigeants US qui croyaient pouvoir normaliser ce pays en deux temps trois mouvements. Le manque de coopération des Irakiens qui ont perdu confiance en les forces d'occupation et la propagation d'une terrible vague de terrorisme ont fini par chambouler dangereusement les prévisions de la maison-Blanche. Lundi, pas moins de 42 personnes ont péri lors de cinq attentats kamikaze commis simultanément dans plusieurs quartiers de Bagdad. Hier, c'est à Falloudja, ville située au sud de l'Irak que les résistants ont frappé. Le bilan serait aussi effarant que celui des cinq attentats réunis. Et ce cycle infernal de massacres à l'explosif devrait se poursuivre dans les villages comme dans les villes, promettent les factions de combattants irakiens restées loyales à Saddam Hussein. En face, les Américains ne savent pas où donner de la tête, aussi bien sur le plan militaire que celui diplomatique. C'est que, au moment où des soldats US tombent régulièrement à Bagdad et ses environs dans les attentats spectaculaires concoctés par les Irakiens — le nombre de victimes américaines culmine à 120 soldats —, la maison-blanche éprouve les pires difficultés à convaincre l'opinion publique internationale du bien-fondé de son action en Irak. George Bush n'a plus que le soutien de ses partenaires traditionnels, comme la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne et le Japon. Et encore… ! À l'ONU, il a bien du mal à faire adopter une autre résolution sur l'Irak devant l'implacable opposition du trio européen composé de la France, l'Allemagne et la Russie. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le président des Etats-Unis fait face actuellement à une farouche opposition des américains à poursuivre une guerre trop coûteuse humainement et matériellement, et désastreuse pour l'économie nationale. En effet, le front anti-guerre s'élargit de plus en plus et les manifs se font de plus en plus bruyantes aux abords de la maison-blanche. Autre indice que la stratégie de George Bush s'achemine droit vers un cul-de- sac : la chute météorique du nombre d'américains qui approuvent la guerre. En effet, selon un sondage effectué CNN-USA Today Gallup, au moins 50% d'Américains désapprouvent la gestion de la guerre en Irak contre 80% en avril dernier, selon le même institut. Aussi, 54% seulement restent encore favorables à la guerre contre l'Irak contre 71% le printemps dernier. Plus grave, il ressort de ce sondage que 57% des américains souhaitent le retour de tout ou partie des troupes envoyées en Irak contre 46% en avril dernier. Il y a, donc, incontestablement une opposition de plus en plus prononcée contre cette guerre que mène Bush au mépris de la légalité internationale. Et la cote de popularité du président des USA est en chute libre ces derniers jours, lui qui bénéficiait au départ d'un soutien inconditionnel de ses compatriotes. L'enlisement de la situation en Irak semble avoir maintenant sonné le glas de la politique de Bush junior en Irak. Lâché chez lui et isolé au sein de la communauté internationale qui n'apprécie pas son va-t-en-guerre, George Bush court sans doute vers sa chute. Comme pour son père, en 1991, le fils risque d'enterrer son avenir à la maison-blanche dans les sables mouvants du proche-Orient. Et pour cause, 43% seulement des sondés affirment leur volonté de renouveler leur confiance à Bush en novembre 2004. C'est dire que Bagdad pourrait être le tombeau — politiquement bien sûr — de George Bush, comme le lui a promis le président déchu. H. M.