Interrogation S?il s?avérait et se confirmait que Saddam n?était pas l?organisateur de la résistance irakienne, cela prouverait que les gens qui mènent la guérilla ont exploité, à bon escient, son image afin de frapper les esprits. On a parlé à deux reprises de l?après-Saddam. La première fois quand Bagdad était tombé aux mains des Américains, la seconde quand son tyran est, à son tour, tombé. Comme si, entre-temps, avec l?apparition puis le développement de la résistance, on s?était rendu compte que l?après-Saddam ne pouvait devenir une réalité palpable que lorsque l?homme même, qui incarne le diable pour les Américains, sera définitivement éliminé. Désormais avec la capture à Tikrit de l?ancien dictateur, c?est chose faite. Est-ce pour autant que les tourments des Américains vont devoir cesser ? Il est permis d?en douter. Parce que ces images de Saddam Hussein, complètement hagard et hirsute que les médias américains se sont efforcés de répercuter aux quatre coins de la planète, laissent penser que le tyran de Bagdad n?était guère en possession, et ce, depuis des mois, de l?ensemble de ses capacités intellectuelles et physiques pour diriger une quelconque résistance que pourtant la coalition lui imputait. Le président américain, George W. Bush a eu, lui-même, une réaction prudente en déclarant que l?arrestation du président déchu ne signifiait «pas la fin de la violence en Irak». S?il s?avérait et se confirmait que Saddam n?était pas l?organisateur des hostilités qui ont suivi la chute de la capitale irakienne, cela prouverait que les gens qui mènent la guérilla ont exploité, à bon escient, l?image du tyran afin de frapper les esprits aussi bien des autochtones que des occupants. Les messages sonores diffusés sur les chaînes de télévision et dans lesquels la voix imputée à Saddam exhorte le peuple irakien à la résistance et à redoubler de férocité à l?égard des Américains et des Britanniques, pourraient donc être l??uvre de factions armées terroristes pas nécessairement inféodées aux hommes de Saddam. C?est dire que les Américains et leurs alliés ne sont certainement pas au bout de leurs peines. Si la capture du «diable» peut avoir comme effet de faire monter la cote de popularité de Bush chez lui, il n?en demeure pas moins que les Etats-Unis continueront à faire face à leur plus gros problème en Irak : trouver des alliés locaux suffisamment influents pour gouverner le pays. Au reste, l?arrestation de Saddam ne pourrait être rentable que si les Américains savaient la traduire en victoire politique. C?est-à-dire gagner la bataille de la paix en Irak. Mais avec la «mort du diable», il est à craindre de voir les terroristes tenter de laver l?affront en recourant à d?autres actions plus radicales. Et à Saddam, Saddam et demi.