Le régime syrien dégagera. Malgré le veto de la Chine et de la Russie et le soutien tacite des Etats arabes et des pays émergents. Même Medvedev semble en être convaincu : il vient de demander aux maîtres de Damas de partir “s'ils ne peuvent pas réaliser des réformes”. Entre-temps, l'Europe et les Etats-Unis auront tenté de faire condamner Bachar El-Assad par le conseil de sécurité de l'ONU. La Chine et la Russie s'y sont opposées. Et l'Occident s'en est ému. “Triste jour pour le peuple syrien et pour le Conseil de sécurité”, a déclaré Juppé, après ce vote contrarié. De son côté, Susan Rice s'emportait : “les Etats-Unis sont furieux du fait que ce Conseil ait complètement échoué.” Voici la manière dont l'ambassadrice américaine à l'ONU justifiait le veto américain contre un projet de résolution condamnant la colonisation des territoires palestiniens par Israël, déposé en début 2011 : “Le projet de résolution s'il avait été adopté aurait pu encourager les parties à demeurer en dehors des négociations.” Le même argument sera repris, il y a quelques semaines, contre la demande de reconnaissance de l'Etat de Palestine : du point de vue américain, qui se confond avec la volonté d'Israël, les Palestiniens sont voués à vivre de négociations pendant que leurs territoires sont graduellement et indéfiniment annexés. Depuis 1967, les Etats-Unis ont usé une quarantaine de fois de leur veto pour mettre Israël hors de portée des mécanismes de règlement onusiens des conflits et de la justice internationale. Devant la persévérance de Mahmoud Abbas, les Américains ne se sont pas gênés de le menacer de suspendre leur aide à un peuple déjà affamé par l'expropriation, les blocus de Gaza et l'arbitraire israélien aux frontières de la Cisjordanie. Ils viennent de récidiver, après le vote de la commission exécutive de l'Unesco pour l'adhésion de la Palestine, brandissant cette fois-ci la menace de suspendre la contribution américaine au budget de l'Unesco. L'état du Moyen-Orient est d'abord le produit du veto américain, régulièrement agréé par les positions britannique et française, européennes. De leur côté, les Chinois et les Russes, après l'URSS, tentent de sauver leurs intérêts dans la région qui déclinent avec le déclin du “front du refus”. En s'opposant, parfois, à un projet de résolution qui viendrait à condamner un de leurs alliés. Combien de “tristes jours pour le peuple palestinien” pour “un triste jour pour le peuple syrien” ? “Les droits de l'Homme” ne s'imposeraient-ils que là où leur empire n'indispose point Israël ? La gouvernance mondiale, synthèse de rapports de forces, est ainsi faite que Syriens et Palestiniens ne sont qu'éléments de géostratégie. C'est ce qui fait que les syriens paieront plus cher le “dégagement” de leur dictateur et c'est ce qui fait que les Palestiniens paieront encore plus cher l'accès à leur Etat. Pourquoi l'Occident “démocratique” verse-t-il donc des larmes de crocodile sur les souffrances, qui devront se prolonger, du peuple syrien alors qu'il s'emploie à prolonger le martyre prolongé des Palestiniens auxquels ils ont ôté jusqu'au droit à une existence nationale ? M. H. [email protected] Rab REM 10-10-2011 00:37 mauricelebrlanc 09-10-2011 13:41 feriel nezari 09-10-2011 11:20