Avec ses soixante et une communes, la wilaya de Batna fait face à un grand problème de transport scolaire, sachant que le relief très accidenté de cette région et le climat avec des écarts importants des températures, chaud l'été et froid l'hiver, ne sont pas fait pour atténuer les conditions que doivent affronter les enfants scolarisés, tous cycles confondus, notamment en ce qui concerne le transport. Si les communes ou les chefs-lieux de commune les plus proches, comme Tazoult, Fesdis, Lambiridi, Djerma, qui sont à une quinzaine de kilomètres de la ville de Batna, ne connaissent pas — ou peu — le souci du transport scolaire, ce n'est guère le cas pour les agglomérations de l'arrière-pays. En effet, c'est dans les zones enclavées et montagneuses, que la contrariété du transport scolaire se pose avec acuité, en dépit de certains efforts consentis. Les voies de communication ont connu une nette amélioration, surtout entre les axes principaux, routes nationales, chemins de wilaya et, à un degré moindre, les routes secondaires. Mais force est de constater qu'une forte densité de population rurale réside justement dans ces contrées escarpées et difficiles, où il n'existe même pas de route praticable. Dans les quatre coins de la wilaya, aussi bien dans la commune de Merouana, qu'à Bouzina, ou à Guigba et Larbâa, il y a un commun souci. Comment faire venir à l'heure les élèves qui résident loin de l'établissement et qui ne bénéficient pas du transport scolaire ? A titre d'exemple, dans la petite école primaire de Tarrchouine (commune de Texlente), les enfants du douar de Ghar Ouchatouh et des dechras voisines rejoignent l'école, après une très longue marche, sachant qu'officiellement ils bénéficient d'un bus de solidarité que personne n'a jamais vu. Autre exemple, la commune de T'kout, située à plus de 95 km du chef-lieu de wilaya. Si le village et les petites localités tout autour sont plus ou moins bien servis en matière de transport de voyageurs qui a connu une nette amélioration, le transport des élèves dans les zones situées loin de la route principale reste un cauchemar pour les parents. Dans d'autres localités comme Bouzina, Menaâ, au sud-est de la wilaya, les routes sinueuses et abruptes découragent les transporteurs privés, ce qui fait que bon nombre de petites localités vivent un isolement presque total, pénalisant ainsi les enfants scolarisés, surtout les filles. Beaucoup de chefs de famille mettent précocement fin à la vie scolaire de leurs filles pour pouvoir financer le maintien des garçons. Selon un président d'APC qui veut garder l'anonymat, le transport scolaire est une affaire de bon sens. “C'est entre les communes et les hameaux qu'il y a des défaillances, donc il faut améliorer l'état des routes, sinon réaliser de nouvelles voies, mais aussi revoir l'usage des bus de solidarité. Dans beaucoup de cas hélas, on en fait un mauvais usage ! J'ai vu personnellement ces bus prendre part à des cortèges de fêtes de mariage, ou encore emmener des familles au bain thermal, alors qu'ils sont destinés aux écoliers”, confie notre interlocuteur. Rachid Hamatou