Soixante sept mille deux cents dix enfants scolarisés de la wilaya de Ouargla bénéficient des repas chauds et froids servis par les cantines scolaires ouvertes à cet effet. Ce nombre concerne uniquement les élèves du cycle primaire dont 75% sont couverts par l'opération. Le constat est fait par les services de l'éducation eux-mêmes, qui relèvent que le taux de couverture atteint est très encourageant et que l'affluence des enfants sur les cantines est significative. Quelque 233 cantines sont réparties à travers le territoire de la wilaya avec une concentration dans les zones reculées, les plus pauvres et celles dont les enfants sont astreints à la demi-pension vu le manque de transport ou l'éloignement. Ces chiffres consolident également l'analyse constatant la paupérisation galopante de la population à travers la wilaya. Une paupérisation qui apparaît en flagrance au premier contact de l'enfant avec l'environnement extérieur à son domicile, à savoir l'école. Et là, les différents rapports des chefs d'établissements scolaires transmis à la direction de l'éducation de la wilaya indiquent avec une précision déconcertante l'état des lieux, qui confirme l'existence d'une malnutrition chez les enfants dès le premier palier scolaire. Dans de petites écoles primaires à Gharbouz, en plein cœur de Mekhadma, à Ouargla, à Rabea Adaouia, au ksar comme à Rouissat, à Ngouça, à Blidet Amor, Temacine, pour ne citer que ces localités, les enfants prennent leur petit-déjeuner à 7h30 avant d'entrer en classe. Selon la directrice d'une école de Gharbouz, cette opération est d'une grande utilité dans ce quartier pauvre où les enfants arrivent affamés à l'école dès le matin. Malgré cela, ajoute notre interlocutrice, les mœurs ont été difficiles à changer d'un côté à cause de la résistance des enfants eux-mêmes qui se dénigraient les uns les autres à l'entrée de la cantine et d'autre part à cause des habitudes alimentaires de la région qui ne prévoient pas le lait comme aliment de base au petit-déjeuner. Il est vrai que dans les mœurs locales un léger thé à la menthe est servi à toute la famille le matin, mais le complément, constitué jadis de pain maison, de beurre arabe ou au mieux d'une soupe d'orge ou de blé complet, ne font plus partie du lot, donc pour autant être remplacées par les aliments nourrissants nécessaires à un enfant. Ce n'est qu'après quatre ans du lancement de l'expérience que les efforts fournis par le staff scolaire permettent d'afficher une satisfaction par rapport à ce volet et constater l'amélioration progressive de l'assimilation et des résultats scolaires. En tout cas, la multiplication des cantines et l'élargissement à quelques collèges se font au début de chaque année scolaire, encore que le manque de personnel est toujours enregistré, notamment au chef-lieu de la wilaya. Pour rappel, l'implication des communes dans cette opération a été importante malgré quelques cas difficiles.