Il est curieux que le FLN critique et s'oppose à de nombreuses dispositions contenues dans des projets de loi qui incarnent les réformes politiques, engagées par le président de la République. Le bureau de l'APN a transmis, il y a quelques jours, à la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés, 193 amendements introduits par les députés au projet de loi organique portant régime électoral et quinze amendements à celui relatif aux cas d'incompatibilité avec le mandat parlementaire. La majorité de ces amendements émanent du groupe parlementaire du FLN et dans une moindre mesure des élus du Parti des travailleurs. Si la position des députés de la formation dirigée par Louisa Hanoune s'inscrit dans la logique de leur stratégie parlementaire, c'est-à-dire faire de l'opposition nuancée, celle des élus FLN suscite des interrogations. Il est curieux, en effet, que le FLN sorte, d'une manière aussi frontale, de la règle qu'il s'impose depuis la création de l'Alliance présidentielle et même au-delà. En dehors de la parenthèse Benflis en 2004, le FLN n'a jamais failli à son soutien au président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Au contraire, il a porté haut et fort tous ses projets, particulièrement d'ordre politique. Ses relais au Parlement ont rempli, pour leur part, leur mission consistant à valider les lois initiées par le premier magistrat du pays, allant de la loi portant rétablissement de la Concorde civile, la Charte sur la réconciliation nationale, jusqu'à la révision constitutionnelle de 2008 qui a consacré le principe de l'illimité des mandats présidentiels, ou encore la révision du code de la famille et de la loi sur la nationalité. Pourquoi donc au moment où le chef de l'Etat s'engage dans des réformes politiques, le FLN critique et s'oppose à de nombreuses dispositions contenues dans des projets de loi y afférents. Les députés de l'ancien parti unique sont contre la démission des membres du gouvernement candidats aux législatives trois mois avant la date du scrutin. Il s'oppose à la déchéance de son mandat de tout élu qui quitte son parti pour rejoindre un autre. Ils n'agréent pas le taux de 30% des sièges des institutions élues réservés exclusivement aux femmes. Les exemples sont nombreux. Il reste à trouver une explication à cette promptitude à remettre en cause des dispositions recommandées par le chef de l'Etat, tel que confirmé par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales dans l'enceinte même du palais parlementaire. Dans l'absolu, l'attitude des députés FLN n'a rien d'exceptionnel, puisque l'essence même de la mission dévolue à un parlementaire est d'examiner un projet de loi proposé par le gouvernement puis d'y apporter des correctifs si nécessaire. Il n'en demeure pas moins qu'il ne faut pas un fin analyste politique pour comprendre que les motivations du FLN sont de nature différente. Il se pourrait qu'à l'approche des élections législatives, et par conséquent de la fin de la sixième législature, les élus du Front saisissent une occasion de faire une précampagne électorale prématurée. Ou peut-être se conforment-ils simplement à une discipline partisane. Dans ce cas, l'on sera tenté de parier que le FLN joue le rôle qu'on lui a confié dans la mise en œuvre du processus des réformes politiques. S. H.