“Bien que tout soit à réinventer, l'ancien gouverneur de la Banque centrale d'Algérie (BCA), M. Abderrahmane Hadj-Nacer, reste optimiste. D'où les interrogations du large public du Café littéraire, qui est resté jusqu'à la fin de la vente-dédicace de La martingale algérienne, édité chez Barzakh (2011). Mais avant de décliner les raisons d'espérer, l'ancien cadre au ministère du Plan s'est largement attardé dans ses réflexions sur la crise attribuée à tort par le régime au “syndrome hollandais”, à la “main de l'étranger”, etc. Le “syndrome hollandais” est une situation rentière basée sur les hydrocarbures. Lequel syndrome décrit les effets pervers par lesquels la manne financière générée, et censée accélérer le développement, le contrarie en fait, parce qu'elle encourage, selon lui, “la corruption et les comportements de recherche de rentes au détriment de l'entreprenariat et de la création de la richesse”. Une fatalité derrière laquelle se cache l'Algérie alors, a-t-il indiqué. “Le Brésil comme la Hollande, et récemment la Norvège, ont pu échapper à ce pseudosyndrome.” Conséquences ? Les algériens ne tirent pas profit de cette richesse. Les raisons ? Les institutions démocratiques de contrôle et de contre-pouvoir sont inexistantes ou du moins cèdent leur place “au fait du Prince”, a-t-il regretté. Hadj-Nacer n'a pas manqué non plus d'évacuer une autre explication invoquée par le pouvoir politique bien qu'elle soit en partie réelle, et à tout le moins surmontable : la “main de l'étranger”. On donne à penser que l'Algérie est la cible de milliers de complots internationaux. Il est grand temps, a-t-il appelé de ses vœux, de dédramatiser la perception de cette question d'autant, a-t-il affirmé, les situations où la “main de l'étranger” n'a guère eu de difficultés à mener son œuvre sont légion. Explication. La capacité d'intervention de l'étranger vaut ce que valent la volonté politique et les capacités de négociation des dirigeants. L'ancien gouverneur de la BCA citera l'exemple de la Malaisie des années 1990. Lequel pays, en pleine crise asiatique, avait sauvegardé la totalité de son potentiel économique. Et cela n'a pas été un long fleuve tranquille. Pointé du doigt par les tenants du consensus de Washington, le pouvoir politique en Malaisie a défendu d'arrache-pied la souveraineté du pays. Résultats des courses. Le bien-fondé de leur position est cité en exemple aujourd'hui par les économistes du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Après avoir médité cet exemple, Hadj-Nacer dira : “Notre devoir et notre droit sont de nous défendre, d'avoir des stratégies autonomes et alternatives.” Moussa Ouyougoute