Des dizaines d'intellectuels égyptiens se sont réunis, jeudi et vendredi derniers, au Caire, pour soutenir l'écrivain Sonaâllah Ibrahim, qui avait refusé un prix du gouvernement en l'accusant “d'opprimer le peuple”. La position de Sonaâllah Ibrahim “fait comprendre que l'intellectuel doit toujours être du côté du peuple”, a estimé l'écrivain Gamal Ghitani, un des plus grands romanciers contemporains égyptiens, lors d'une réunion au siège de l'ordre des journalistes. “Nous pouvons lutter par des décisions contre la corruption de l'industrie ou du commerce, mais pas contre la corruption de l'esprit”, a ajouté M. Ghitani, lors de la réunion qui regroupait plus de 200 écrivains et journalistes. Il a déploré le fait que “nous n'avons plus de culture” et ajouté que “l'Egypte n'a jamais connu une telle régression culturelle”. Lors d'une autre réunion, en présence de dizaines de cinéastes et d'étudiants, le réalisateur Raâfat Al-Mihi a affirmé que “Sonaâllah Ibrahim nous a redonné espoir en montrant qu'il y a des hommes qui peuvent dire en public ce que pensent en privé la majorité des gens”. Sonaâllah Ibrahim avait refusé, le 22 octobre, de recevoir des mains du ministre de la Culture, Farouk Hosni, le prix du “Forum du Caire de la créativité littéraire”. Il avait créé la surprise lors de la remise du prix, devant un auditoire de quelque 600 personnes, en prononçant un discours dans lequel il critiquait le “gouvernement qui réprime notre peuple et protège les corrompus”.