Il était une fois une petite horloge, vieille et plutôt traînarde. Elle avait beau faire des efforts mais elle ne parvenait jamais à rattraper le temps. Elle regardait autour d'elle, désespérée de voir tourner les heures sans pouvoir adopter la même cadence. Même quand elle se réveillait très tôt pour commencer avant tout le monde, cela ne suffisait pas. Ses retards provoquaient parfois de vraies catastrophes dans la ferme où elle vivait : le pain trop cuit, la traite des vaches retardée, le tracteur toujours dernier arrivé dans les champs. “Ce n'est plus possible !” décida un jour le couple de fermiers qui la possédait depuis leur arrière-arrière-arrière-grand-père, “il va falloir s'en débarrasser et en acheter une neuve.” Le lendemain, le couple se rendit à la ville pour acheter une horloge neuve, réglée à la minute. Elle fut tout de suite installée à la place d'honneur, dans le salon. La pauvre petite horloge en retard était bien triste. “Que vont-ils faire de moi, maintenant ?” se demandait-elle. À son grand étonnement, elle se retrouva dans la basse-cour, au milieu des poules et des canards. Eh oui, les fermiers n'avaient pas eu le cœur de la jeter, elle faisait partie de la famille depuis si longtemps ! Un beau jour, un riche Américain en vacances qui visitait en compagnie de son épouse les jolis petits villages des environs, tomba nez à nez avec l'horloge, entourée de mignons petits poussins. “Mais que fait cette horloge ici ?” demanda-t-il, très étonné. “Elle ne marche plus”, répondit le fermier qui se trouvait non loin de là, “mais nous n'avons pas eu le cœur de la jeter.” “Comment cela, elle ne marche plus ?” répliqua l'Américain, “mais elle marque exactement l'heure qu'il est en ce moment dans ma petite ville d'Amérique. Il est 6 heures plus tôt qu'ici.” “C'est vrai ?” dit le fermier, “mais alors, si elle vous plaît, vous pouvez l'emporter, elle sera toujours mieux chez vous que dans le poulailler”. Et c'est ainsi que l'horloge s'envola avec le touriste aux Etats-Unis. “Ça alors”, se dit-elle, très fièrement, “je ne savais pas que j'indiquais l'heure en anglais !” NADIA AREZKI [email protected] Doudouche 20-10-2011 20:59