En l'absence de réactions vigoureuses des services compétents, des associations comptent organiser une marche pour dénoncer l'insécurité qui règne à Annaba. La ville de Annaba, que certains nostalgiques se plaisent encore à appeler la Coquette, fait peur. Elle est devenue aujourd'hui une ville à hauts risques. Livrée à elle-même, et plus que jamais aux gangs de voyous comparables à ceux des films américains, l'antique Bouna du grand théologien saint Augustin, fait fuir ses propres enfants vers des cieux plus cléments, car l'insécurité y est au quotidien. Pas plus tard que lundi dernier, au beau milieu de la journée, une bande d'une dizaine de malfrats encagoulés s'est attaquée à un bus à l'arrêt à la cité Safsaf, à l'ouest de Annaba. Les personnes qui étaient à bord ont été rackettées et dépouillées de leurs objets de valeur sous la menace des sabres. La veille, soit dimanche au début de la soirée, des attaques spectaculaires ont été opérés par un autre gang composé d'une vingtaine de malfrats encagoulés, très actifs à hauteur de l'Entonnoir, près de l'ensemble Bel-Azur, qui est implanté sur le flanc gauche du quartier chic Rizzi-Amor (ex-Chapuis) d'Annaba. Parmi les victimes, les membres d'une famille terrorisée que nous avons rencontrés. Ils étaient à bord d'une Clio Classic avec vitres et pare-brise brisés. Dans un état de psychose, les malheureuses victimes venaient juste d'êtres agressées et rackettées. Selon des témoignages recueillis sur place auprès des jeunes du quartier, cette bande, qui est composée principalement des individus du bidonville de Sidi-Aïssa, serait spécialisée généralement dans le racket des personnes qui fréquentent les boîtes de nuit. Trois jours auparavant, soit jeudi vers 18 heures, cinq individus, toujours en cagoulés et armés jusqu'aux dents, ont attaqué une famille qui était à bord d'une Citroën. Ni la résistance du mari ni les cris de son épouse encore moins les pleurs de la petite fille ne sont venus à bout de la détermination de ce gang à sévir et délester ses victimes de tous leurs biens. Le comble de l'ironie est que l'agression s'est produite à quelques mètres d'un barrage fixe de la police. Tout cela se passe souvent en plein jour, et la liste est longue. Un déchaînement de violence jamais signalé. L'on est arrivé même à agresser une femme, la soixantaine d'âge, SDF et malade mentale de surcroît. Et si ce n'était la prompte intervention d'un groupe d'hommes, la malheureuse serait vouée à subir les pires sévices que puisse connaître un être humain. Au départ, la première bande de malfrats, dont le comportement est des plus agressifs qu'a connue Annaba, a vu le jour à la cité côtière Sidi Salem. Ce quartier est considéré à juste titre comme étant l'un des plus chauds, populaire et populeux de Annaba, d'ailleurs légendaire par son bidonville remontant aux fameuses Sections administratives spéciales, plus connues sous l'appellation sinistre SAS, le dernier qui existe encore dans le pays. En l'absence totale de réactions vigoureuses des services de sécurité, ce phénomène gagne, depuis un certain temps, la totalité des grandes cités annabies, y compris les plus huppées, à l'image de Saint-Cloud, Toche, la Caroube… Les rixes entre bandes rivales se multiplient et ont atteint un degré de violence sans comparaison avec le passé. L'objectif de cette violence, révèlent nos sources, est le contrôle d'un territoire pour l'écoulement de la drogue et des psychotropes. Pour la circonstance, les membres de ces bandes opèrent en meutes. Ils se déplacent en force (le nombre dépasse parfois les 40 éléments) d'un quartier à un autre pour imposer leur diktat. Pour la seule semaine dernière, deux violentes bagarres sont venues rappeler à la population locale la triste réalité de l'insécurité qui prévaut dans la cité. En raison de la gravité de la question, nous apprenons que des associations comptent lancer un appel pour une marche afin de dénoncer l'insécurité qui règne à Annaba. B. BADIS brh 22-10-2011 18:17