Les éditions Chihab ont relancé, avant-hier après-midi au siège de leurs éditions à Bab El-Oued, le cycle de rencontres littéraires. Et c'est le sociologue Nacer Djabi, auteur de Al Wazir Al Djazaïri. Oussoul wa Massarat (éditions Chihab), qui a inauguré ce cycle, en présentant le premier tome de son étude sur l'élite ministérielle en Algérie, paru lors du dernier Salon international du livre d'Alger. Nacer Djabi a expliqué que cette étude représentée par près de 150 portraits de ministres (notamment 18 femmes sur les 20 ministres femmes qu'a eues l'Algérie), s'inscrit dans “le prolongement par rapport à mes préoccupations et centres d'intérêt”. S'il a expliqué ses motivations quant à la réalisation cette étude, il a surtout précisé qu'en Algérie, “on ne connaît pas qui nous gouverne. Par exemple, ce n'est qu'après sa mort que nous avons connu le vrai nom de Boumediène”. Et c'est au début des années 1990 que Nacer Djabi a commencé à prendre contact avec les ministres, après avoir pensé au départ à entreprendre une étude sur les secrétaires généraux de ministères et les walis. M. Djabi a opté plus tard pour les ministres et a commencé à prendre contact avec eux à diverses occasions. La prise de contact a été facile, et seule une dizaine a décliné la proposition (voir encadré). “Il y a des ministres avec qui j'ai fait une séance, et d'autres avec lesquels j'ai fait deux ou trois séances. Ça dépendait du parcours et de l'histoire de la personne”, a-t-il indiqué. Les questions ont, par ailleurs, porté sur la filiation, l'appartenance sociale et géographique, afin de déterminer par la suite, “qui gouverne et surtout qu'elles sont les catégories sociales qui ont produit des ministres”. Le chercheur a appuyé qu'il y avait “un équilibre régional à respecter” dans le choix des ministres, tout en estimant qu'un ministre est aussi “un poste technique”, et qu'à partir de la fin des années soixante-dix, “à l'ère de Chadli Ben Djedid, la cooptation ne se faisait plus uniquement dans la famille révolutionnaire”. En outre, Nacer Djabi a surtout souligné qu'il y avait des parcours exceptionnels représenté par des portraits, largement émouvants, à l'exemple du portrait d'Abdallah Arabaoui, mort dans le dénuement le plus total, et celui de Nafissa Hamoud-Laliam. Le portrait de cette ancienne ministre de la Santé dont l'hôpital Parnet porte le nom aujourd'hui, “permet de considérer d'une autre manière le mouvement féminin en Algérie, et le rôle de la bourgeoise algéroise durant la guerre de Libération nationale”. Nacer Djabi qui a considéré que “le système qui ne parle pas, n'écrit pas et ne prend pas position, crée une image négative car on ne fait pas de différence entre les individus et le système”. Et de conclure : “Le système politique algérien ne permet pas d'exprimer les positions, et ne produit pas d'élite, parce qu'il n'y a pas de cercles, pas de vie culturelle. Et dès qu'un membre d'un parti rejoint le gouvernement, il y a une scission au sein de ce parti même à l'exemple de Islah, Nahda et le RCD.” Sara Kharfi