Objectivement, le changement ne peut venir ni de l'intérieur du régime ni de ses satellites (partis politiques de la coalition, Parlement, organisations de la société civile dans leur état actuel). Autrement dit, le régime ne mettra en œuvre les réformes significatives attendues, que lorsque ceux qui sont en dehors de ses rangs, le mettent sous pression de le faire, par tous les moyens légaux et en dehors de toute violence verbale ou physique. La recette est claire : plutôt que de s'attacher à la prise de pouvoir par des processus qui ont prouvé leur inefficacité (pluralisme politique de maquillage, élections contrôlées ...), il faut s'attaquer à la construction d'un Etat, digne de la prestigieuse Révolution d'indépendance et des sacrifices du peuple algérien par les larmes et par le sang dans son combat contre la violence intégriste d'un côté et le totalitarisme de l'autre. Mais, comment et par qui ? Le discours dominant nous suggère que seuls les dirigeants ont la capacité et le pouvoir d'initier le changement. Ou encore, si les gouvernants sont la source de tous les problèmes, ils sont aussi, la source de toutes les solutions. Le Président a les meilleures chances de mettre en œuvre les changements de façon accélérée, d'où le soutien au “programme du Président”. Autrement dit, il s'agirait d'une “démocratie octroyée”. C'est le discours, massivement délivré durant les dernières campagnes électorales. Après plus de deux décennies d'exercice du pouvoir par l'actuel Exécutif, les réformes sont toujours en panne. Il reste deux autres voies : la première est celle d'un consensus entre les principaux dirigeants sur une période de transition effective qui aboutira à un système politique démocratique où l'alternance au pouvoir est assise sur un multipartisme stable et efficace. La deuxième est de construire un pont pour “la majorité silencieuse” à travers la mobilisation du peuple. Autrement dit, il s'agit de la solution rapide mais moins légitime : la transition ; ou la solution plus lente mais plus légitime : la mobilisation du peuple. Le succès de la transition passe par l'effort conjugué de dirigeants politiques capables et de responsables économiques compétents. Il faut également travailler à la mise sur pied d'une coalition politique favorable aux réformes qui permette à celles-ci de durer suffisamment longtemps pour donner des résultats positifs et acquérir une dynamique propre. Il s'agit, en fait, de la mise en place d'un leadership efficace, capable d'orienter et coordonner les travaux de trois équipes. Une équipe économique travaillant en collaboration avec un réseau de patriotes économiques pour réussir les réformes dans ce domaine. Une équipe administrative pour réussir les réformes de l'éducation, de la justice et des collectivités locales. Une équipe politique pour faire fonctionner des institutions capables de mobiliser la Nation vers le progrès et la prospérité. Notamment des dirigeants capables de transformer la lassitude des élites en labeur pour le développement. Il y a plusieurs modalités pratiques de lancer une période de transition réussie, à l'image de celles des pays de l'Europe du Sud : Espagne, Portugal, Grèce. À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme ! Ahmidou 27-10-2011 15:36