Le Chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, démissionnera juste après l'adoption par le parlement italien des mesures budgétaires et des réformes économiques promises à l'Union européenne pour éviter la contagion de la crise de l'euro. Il Cavaliere, qui a marqué la politique italienne des 17 dernières années, a donc abandonné la partie. Et comble de l'humiliation pour lui qui s'estimait aimé par le peuple, sa démission a été annoncée par la présidence de la République à l'issue de son ultime rencontre avec le chef de l'Etat, Giorgio Napolitano. Le gouvernement a été clairement mis en minorité mardi à la Chambre des députés grâce à la dissidence de sept membres du PDL (son propre parti), qui avaient rejoint l'opposition et ses alliés de la Ligue du Nord. Berlusconi devrait disparaître de la scène politique d'ici le 18 novembre, date à laquelle les mesures demandées par l'UE (cessions d'actifs publics, libéralisations de professions réglementées, etc.) seront adoptées par le Sénat et la Chambre parlementaire. Dès qu'il aura démissionné, le président Napolitano convoquera tous les partis politiques pour tenter de former un nouveau gouvernement. S'il ne devait pas y parvenir faute d'une majorité suffisante, il dissoudrait les Chambres pour organiser des élections anticipées par rapport au terme normal de 2013. C'est incontestablement la fin d'un règne en Italie, celui du Cavaliere, qui a dirigé l'Italie à trois reprises depuis son entrée dans la vie politique il y a 17 ans (pendant sept mois en 1994, cinq ans de 2001 à 2006 et depuis 2008). Ce sera aussi l'épilogue de la saga d'un personnage charismatique, issu de la petite bourgeoisie milanaise, initialement vendeur d'aspirateurs et animateur de croisières, puis entrepreneur dans le BTP et fondateur de chaînes privées de télévision, devenu l'un des hommes les plus riches d'Italie. Personnage controversé, il n'aura pas résisté à l'étau des marchés. Depuis deux ans, les pressions de toutes parts se sont accumulées autour de sa personne. De son propre camp, divisé par ses multiples scandales. Du patronat italien, ulcéré par l'inaction de son équipe. Et même du Vatican, dont le voile posé sur sa vie privée avait fini par céder. Des alliés américains et européens, las “du cirque berlusconien”. L'éditorial du Financial Times donnait le ton la semaine dernière : “Au nom de Dieu et de l'Italie, partez !” L'énorme dette italienne est sur le point de devenir ingérable, 1 900 MDS américains ! Le départ du Cavaliere ne réglera pour autant pas tout : ni la fragilité des finances publiques ni l'absence de majorité alternative stable. Berlusconi n'a plus qu'à s'en remettre à sa baraka légendaire pour que sa sortie ne soit pas accompagnée de soucis judiciaires. Il traîne derrière lui de nombreuses casseroles et les juges milanais n'ont pas fini de lui faire boire la tasse. D. B.