Le Festival du monde arabe (FMA) organise du 11 au 13 novembre, en collaboration avec l'université de Montréal, un colloque sur l'émir Abdelkader sous le titre générique : “Leçons d'un dialogue des civilisations d'hier pour aujourd'hui”. Ouvert par Patrice Brodeur, islamologue et titulaire de la chaire Islam, pluralisme et globalisation de l'université de Montréal, le colloque a rassemblé au centre d'archives de Montréal plusieurs universitaires qui ont abordé les différentes facettes de la vie et du parcours de l'émir Abdelkader. Le professeur Brodeur a mis l'accent sur l'impact du message de l'émir dans le développement de la pensée mystique. L'universitaire Ahmed Bouyerdène a retracé à l'assistance la biographie de l'émir, non sans préciser qu'il était né dans un milieu soufi où la chevalerie spirituelle est considérée comme une épreuve de transcendance, de dépassement de soi. Cette mise en contexte de la vie de l'émir Abdelkader amène le conférencier à aborder l'action de l'émir qui avait sauvé la vie des chrétiens de Damas. Un geste vu comme un acte maçonnique, dira-t-il, avant de préciser que le signataire du traité de la Tafna faisait partie d'une loge maçonnique. Le cheikh Khaled Bentounès de la tariqa el-Alawiya de Mostaganem a convoqué l'amplitude et la densité que recèle l'humanisme de l'émir Abdelkader pour s'interroger sur la façon d'édifier la société du vivre ensemble. Pour étayer son propos, il a mis en avant la modernité véhiculée par le message spirituel et universel de celui qu'il qualifie de chantre du dialogue des civilisations. D'autres intervenants devaient abonder dans le même sens. Aoua Bocar Ly-Tall s'est intéressé à la résistance soufie en Afrique du Nord et au sud du Sahara. Mouloud Kébache abordera, lui, l'émir Abdelkader et la franc-maçonnerie : de l'engagement au renoncement. Pour sa part, Mgr Henri Tessier devait intervenir sur “les convergences spirituelles : une conscience chrétienne devant la méditation de l'émir sur Dieu et l'homme”. Rattaché à la voie initiatique soufie, l'émir Abdelkader présentait très jeune des dispositions spirituelles affermies par un engagement patriotique, faisant de lui un résistant à la conquête coloniale française. Après sa reddition en 1847, il fut, après une détention à la prison de Toulon, exilé en Turquie puis en Syrie où il mourut en 1883, a résumé un conférencier pour qui l'itinéraire de l'émir Abdelkader concerne aujourd'hui “tous ceux qui sont attachés à un dialogue fécond entre cultures ainsi qu'au progrès spirituel et moral de l'humanité”. Ayant exercé une influence sur le mouvement de la Renaissance, l'émir s'est consacré à la redécouverte de la pensée mystique d'Ibn Arabi (1165-1240). Il faut noter qu'une exposition intitulée : “L'émir Abdelkader, un homme, un destin, un message” a été inaugurée à la Maison de l'Afrique. Une exposition qui a attiré beaucoup de monde. Cette exposition restitue “le parcours d'un humaniste musulman du 19e siècle en avance sur son époque”, selon la commissaire de l'exposition. Y. A.