Demain s'achève la 12e édition de cette manifestation unique en son genre. Chaque année, le Festival du monde arabe de Montréal gagne en ampleur et en audience, s'imposant progressivement comme une des manifestations culturelles les plus importantes du Canada et, à l'échelle internationale, comme un rendez-vous remarqué des expressions arabes. Unique en son genre en Amérique du Nord, il accueille environ 150 000 visiteurs et spectateurs acquis à sa vocation d'espace de «dialogue entre les cultures arabe et occidentale». Multidisciplinaire, il comporte quatre volets : les arts de la scène, le salon de la culture, le cinéma et la médina. L'édition actuelle, articulée autour de 60 événements, mêle, comme de coutume, toutes les formes d'expression traduites par des œuvres actuelles issues du monde arabe ou des diasporas arabes. La manifestation répond aussi à la forte attente culturelle de la communauté arabe de la métropole du Québec qui représente près de 5% de ses habitants, ce qui fait d'elle la deuxième communauté de la ville. L'Algérie est de plus en plus présente au FMA. Jusque-là, cela se faisait uniquement à travers des artistes résidant ou étant produits à l'étranger et qui sont individuellement invités au festival. Depuis l'année dernière, avec le groupe Djmawi Africa, et cette année avec le groupe Céméleon, l'AARC a innové en prenant en charge la participation et la promotion à Montréal de ces formations qui appartiennent à la nouvelle génération de musiciens algériens contemporains. C'est là une manière offensive d'aider les jeunes talents du pays à accéder aux scènes internationales et à s'aguerrir dans des conditions professionnelles de représentation. Le chanteur Baâziz a été invité par le Festival à donner un spectacle au Théâtre Maisonneuve. Mais Cheb Mami, programmé à la salle Wilfrid Pelletier, a vu son concert annulé «en raison» de ses antécédents judiciaires. Le directeur du festival s'en est expliqué à Radio-Canada, affirmant que la couverture médiatique négative de ce spectacle avait dissuadé les organisateurs. Il a cité les médias porteurs de cette controverse qui, selon lui, pouvait «nuire aux objectifs rassembleurs du festival et à sa mission de rapprochement des cultures». Il s'agirait du Journal du Québec, du Journal de Montréal, ainsi que d'une radio privée qui, a-t-il précisé, comme pour prendre ses distances, «n'ont jamais couvert adéquatement le FMA». Cette triste polémique n'a heureusement pas porté ombrage à la manifestation organisée sur le thème «L'émir Abdelkader et l'Occident : leçons d'un dialogue des civilisations d'hier pour aujourd'hui» qui s'est répartie en un colloque auquel ont pris part des conférenciers algériens, américains, français et québécois, et une exposition sur la vie et l'œuvre du personnage au Centre d'archives de Montréal. La jeune communauté algérienne au Canada qui, par ses propres moyens (associations, sites internet, rencontres…), s'attache à multiplier les points d'ancrage dans sa culture d'origine, a besoin du soutien de son pays.