Le 26 mai 1883 décédait l'Emir Abdelkader, le père fondateur de l'Etat algérien et de la notion des droits de l'homme. Pour marquer cette date, 122 ans après, la fondation qui porte son nom, en collaboration avec l'université d'Alger et la Bibliothèque nationale d'Algérie, organise un colloque international de deux jours, les 25 et 26 mai, sous le thème : « L'Emir : le devoir de mémoire et les défis de l'heure ». Un point de presse annonciateur a été animé hier, à la Bibliothèque nationale d'El Hamma, par trois représentants de la Fondation Emir Abdelkader : son président, Mohamed Boutaleb, le responsable de la section d'Alger de la fondation, Abdelhak Senhadji, et l'un de ses membres, Mustapha Cherif, ancien ministre de l'Enseignement supérieur, ancien ambassadeur, professeur à l'Institut diplomatique et des relations internationales, islamologue... « Aucune nation ne peut vivre sans repères, symboles et références. L'Emir est un de ces lieux majeurs de la mémoire de l'Algérie profonde. Il appartient à toute l'humanité », lit-on dans le dossier de presse. L'objectif majeur de ce colloque est de redonner vie à la mémoire de ce grand personnage de notre histoire. D'une part pour honorer le résistant, le maître spirituel, le savant et le modèle que constitue cette figure et, d'autre part, pour relever les défis d'aujourd'hui à travers les réflexions culturelles, civilisationnelles, politiques... de celui qui a été le chef de l'Etat algérien pendant 24 ans. Pour Mustapha Cherif, ce colloque est aussi une occasion pour « répondre aux questions d'aujourd'hui, en tirant des leçons de notre histoire ». Notamment en ce qui concerne les jeunes et leurs interrogations. Trois axes principaux seront abordés. D'abord, l'Emir en tant que personnalité nationale et universelle. Puis la mémoire, la nôtre et celle de l'histoire. Enfin les défis d'aujourd'hui à travers les pensées de l'Emir : l'authenticité et la modernité, choc et dialogues des civilisations, la mondialisation de l'insécurité, la démocratie... En plus de « revisiter » l'itinéraire guerrier et mystique de l'Emir Abdelkader, ce colloque et les participants de différents pays se pencheront sur de nombreux sujets directement liés à cette personnalité : « L'Emir exégète », sa « perception de Ahl El Kitab », « L'Emir : un homme de notre temps », « L'Emir, mémoire et identité d'une nation », « Le cinéma en Méditerranée », « L'Emir, mémoire et identité d'une nation »... Conscients de l'intarissable source que constitue la personnalité de l'Emir pour les générations à venir et dans les enjeux de l'heure, les membres de la fondation semblent décidés à agir pour être à la hauteur du devoir de mémoire, à tirer les enseignements laissés par l'Emir, parce qu'« il s'agit de se souvenir, pour se projeter dans l'avenir ». M. Boutaleb a annoncé, hier, que la fondation se déplacera à Ambroise, le 23 juin prochain, pour donner une sépulture digne aux compagnons de l'Emir, morts sur place et enterrés pour certains dans des fosses communes. Ce projet auquel coopère l'artiste peintre Korichi prévoit des stèles pour les tombes des fidèles de l'Emir. En marge de cette rencontre, une exposition consacrée à l'Emir Abdelkader se tiendra jusqu'au 9 juin dans l'enceinte de la Bibliothèque nationale.