C'est quand même regrettable que cette belle finale de Ligue des champions africaine qui a mis aux prises, samedi soir dans le magnifique stade de Radès, l'Espérance de Tunis avec le Widad de Casablanca, eut été programmée le même jour et à la même heure que cet attrayant Algérie-Tunisie. Cela prouve, une fois de plus, que la programmation de la CAF n'est guère réfléchie, sinon comment programmer une somptueuse finale de Ligue des champions le même jour qu'une date Fifa. C'est dire qu'ils étaient des millions de Tunisiens et… d'Algériens à zapper continuellement pour chevaucher fébrilement entre ce beau duel Algérie-Tunisie, même s'il avait un cachet amical, et cette superbe finale africaine EST-WAC au parfum typiquement maghrébin ! Et l'intérêt d'une telle affiche de Ligue des champions avait certainement une saveur particulière en Kabylie où les supporters de la JSK tout comme ceux de la JSMB avaient les yeux bien rivés sur le stade de Radès. Et pour cause, à Tizi Ouzou comme à Béjaïa, ils étaient des milliers de supporters kabyles à suivre avec beaucoup d'attention et surtout de sympathie l'évolution de l'ES Tunis bien menée par son stratège camerounais, Joseph Yannick N'Jeng, que les fans de la JSM Béjaïa ne sont pas près d'oublier pour tout le bonheur qu'il leur a tant donné durant trois bonnes saisons, mais aussi le libéro malien, Idrissa Coulibaly, qui a fait aussi les beaux jours de la JS Kabylie durant trois belles années et qui a laissé tant d'amis et d'admirateurs au cœur du Djurdjura. Même si le défenseur malien n'était que remplaçant pour cette finale mémorable, car souvent utilisé lors des matchs joués à l'extérieur, il faut bien admettre que l'attaquant camerounais aura lourdement pesé dans cette farouche bataille qui a permis aux Tunisois de remporter haut la main le trophée face aux Casablancais qui n'ont pourtant pas démérité après avoir longuement joué à dix. Il est vrai que pour ce grand rendez-vous, les dirigeants “espérantistes” ont préféré à Coulibaly le défenseur ghanéen, Harrison Afful, beaucoup plus offensif, et qui fut d'ailleurs le buteur héroïque de cette superbe finale, mais le mérite du Malien fut souligné par le staff de l'EST pour son parcours d'ensemble tout simplement euphorique. Toujours est-il qu'en Kabylie, terre de foot et de passion par excellence, les amateurs du beau jeu n'ont pas pour habitude d'oublier facilement leurs idoles et, samedi dernier, ils étaient donc des milliers d'inconditionnels de la JSK et de la JSMB à supporter de tout leur cœur l'Espérance de Tunis, ne serait-ce que pour partager le bonheur de Coulibaly et de N'Jeng, ces deux footballeurs venus d'Afrique noire et qui ont laissé partout en Kabylie, des fins fonds du Djurdjura comme dans les contrées les plus reculées de la vallée de la Soummam, le souvenir de grands footballeurs mais aussi de sportifs exemplaires. “À Béjaïa, de nombreux supporters de la JSMB ont suivi avec un grand intérêt la belle prestation de N'Jeng qui, avec sa technique et sa force physique, a plané sur cette finale de Ligue des champions. Personnellement, je suis persuadé qu'il atterrira très bientôt en Europe car c'est un attaquant racé”, nous a déclaré, hier, son ex-manager, Hakim Medane, qui avait négocié la saison dernière son transfert vers l'ES Tunis. “Coulibaly est un défenseur exceptionnel qui a acquis beaucoup d'expérience internationale avec la JSK. Dommage qu'il n'a pas été titularisé pour cette finale, mais je sais qu'il a grandement contribué au succès de l'ES Tunis qui l'a souvent utilisé lors des matchs-chocs disputés à l'extérieur”, dira de lui son ex-président de la JSK, Mohand-Chérif Hannachi, qui estime aussi que la place de Coulibaly est en Europe. Mohamed HAOUCHINE