Avec 28 ans d'expérience, que ce soit en Algérie ou à l'étranger, Boumaraf Merzak, n'est pas un inconnu dans le monde du football. C'est pourquoi il est intéressant d'entendre son avis. Ça changera des pseudos « experts » qui monopolisent le champ médiatique algérien depuis plusieurs années déjà. Liberté l'a donc rencontré. Son analyse de la situation actuelle du football, dans le pays, est des plus sévères. Certains le prendront peut être pour un nostalgique, même un « has been », mais sa conception mérite d'être connue. Pour éviter toutes les affaires scabreuses qui ont émaillé la gestion du football, Boumaraf préconise une solution : « les pouvoirs publics doivent s'ingérer plus dans les affaires du sport roi, comme il l'a fait lors de la réforme entre 1977 et 1990 mais cette fois ce sera avec d'autres moyens et d'autres statuts ». Pour appuyer sa thèse, il ajoutera « nous avons eu deux qualifications au mondial grâce à la réforme et, à l'époque, on a été quand même parmi les dix meilleures équipes du monde». L'enfant de Kouba est revenu également sur la polémique entre « national » et « étranger » quand au poste d'entraîneur de l'EN. Sa position est des plus claires : « nos CV sont d'au moins deux pages, et la meilleure preuve c'est l'excellent travail qu'on fait à l'étranger ». Il relatera, à titre personnel, son expérience en Mauritanie où il a été chargé, après avoir obtenu la coupe (voir la photo), d'un cycle de formation pou. Selon lui, l'un des problèmes les plus importants dans le football algérien, consiste dans « l'entourage ». « Travailler en Algérie est devenu presque suicidaire puisque l'entourage détruit et l'entraîneur et le club par les fausses rumeurs et les calomnies » dira-t-il avant de lâcher « ma dignité et mon honneur ne me permettent pas de travailler dans des conditions inacceptables ». Malgré cet d'esprit, Boumaraf ne ferme pas les portes devant une nouvelle expérience dans le football algérien « mais à condition de travailler dans la stabilité et en plus, je suis un pro, je relève tous les défis ». Actuellement, et depuis son retour de la Maurétanie, il n'a pris aucun club. Dans ce qui suit, et plus concrètement, il donne sa vision à propos du si ingrat métier, qu'est celui d'entraîneur en Algérie, et de sa conception d'un club « sérieux ». Un club « idéal » « Un club structuré avec son centre de préparation et de formation et qui gère ses propres ressources. Un club idéal doit aussi posséder ses propres infrastructures et inscrire ses actions dans la durée et dans l'éphémère illusion des résultats immédiats et trompeurs. Un club idéal est d'abord une école d'éducation, et ne doit donc pas se départir d'un certain esprit « culturel » et traditionaliste, comme aime à se caractériser les clubs anglais par exemple. En prenant compte de tout cela, vous voyez bien que le club idéal n'est pas près d'exister chez nous » Relation entraîneur – dirigeants : « Je dois toujours effectuer des visites aux clubs pour voir dans quelles conditions je dois exercer et surtout avoir une idée sur les moyens infrastructurelles et pédagogiques mis en œuvre pour réaliser l'objectif visé et voir la préoccupation des dirigeants et où ils veulent aller. Je suis pour un travail durable et méthodique, susceptible de mettre en relief l'athlète dans ce qu'il y a d'essentiel, c'est-à-dire la préparation psycho-mentale, et technico-tactique, alliée à une droiture morale et aux rigueurs de la discipline du groupe. Aussi, aller de pair avec la politique de l'équipe dirigeante et de la déontologie de la profession dont le crédo dominant est de bâtir une équipe compétitive, certes, mais pas n'importe comment ». La formation comme salut « Le travail de fond, n'est pas une fin en soi. C'est avant tout un moyen pour lequel le club rempli les critères attendus d'efficacité et de durabilité. Ce que j'appelle un travail de fond, c'est le respect que chacun doit à l'autre, c'est le travail de formation permanente que doit faire bénéficier un club de jeunes joueurs de talent, c'est l'uniformisation dans l'approche technico-tactique qui ne doit pas faire perdre aux jeunes joueurs le sens du travail fait précédemment, une fois qu'il a changé de catégorie d'âge. Le travail de fond, c'est qu'il y ait dans les clubs des formes d' «oppositions positives » qui construisent plus qu'elles ne détruisent, et la préservation d'un climat serein, éloigné des faux problèmes générateurs de déclin. C'est un peu tout ça un club sérieux, et je souhaite que dans les clubs algériens prennent le chemin, et le bon, dans cette direction, pour élever le niveau de notre football national au diapason du niveau mondial. Le salut du football algérien est dans la formation qui fut naguère un exemple dans le gotha africain et mondial, au temps de la réforme sportive (1977-1990). En ce temps là, la performance était une méthode, une action, un résultat, où les athlètes exprimaient au mieux leurs capacités. Leur réussite n'était pas due au hasard, elle fut construite à l'entraînement pour un apprentissage méthodique et rationnel qui permettait aux joueurs de développer une personnalité sur, et en dehors, des terrains ». S.K Présentation de Merzak Boumaraf: Boumaraf Merzak, 58 ans Diplôme Fifa A (2000) Licence CAF.B.C 2010 Carrière en tant que jouer : 1970 – 1981 : RCKouba Sélection en EN espoirs (76-77) Champion d'Algérie avec le RCK en 1981 28 ans d'expérience en tant qu'entraineur. Il avait commencé en 82 avec les cadets du RCK (à l'époque c'était RSK), avant de rejoindre des clubs étrangers ces dernières années, après avoir fais des passages dans plusieurs clubs algériens. Avec Kouba, en 1988, il a était derrière l'accession du club en D1. Boumaraf a également été coach du CS Constantine lors de la saison 1999-2000. Son parcours avec les Sanafirs s'est concrétisé par une place de vice champion d'Algérie. Pour l'étranger, il a travaillé dans deux pays. Il a ainsi été le coach de FC Saint-Chamond (Nationale III française) de 2002 à 2005, de ASF Andrézieux (Nationale III française) de 2005 à 2007, et enfin le club mauritanien de FC Nouadhibou (Nationale1) de 2007 à 2009. Avec cette dernière équipe Boumaraf a gagné la coupe en 2008.