La Mauritanie ne dialogue pas avec Belmokhtar, ne reconnaît et ne connaît pas Al-Qaïda. “Elle connaît des groupes terroristes qu'elle combat”, a indiqué, avant-hier, dans une conférence de presse, M. Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, ministre mauritanien des affaires étrangères, en marge de la 10e session du comité de suivi algéro-mauritanien qui s'est tenu à Alger. La rencontre a été dominée, selon M. Messahel, ministre délégué chargé des affaires maghrébine et africaine, malgré le grand volet de la coopération bilatérale dans les domaines énergétique, agricole, de la pêche, de l'éducation, de l'enseignement et de la formation professionnelle…, par la situation sécuritaire qui prévaut dans la région à la lumière des développements induits par le conflit libyen. La déclaration du MAE mauritanien fait suite aux affirmations du chef terroriste d'Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, faisant état de contacts entre son groupe et les autorités mauritaniennes. Le diplomate a nié tout contact avec ce groupe qui “tue, commet des attentats et des attaques dans son pays”. “Nous n'avons aucune intention de dialoguer avec ces bandes terroristes”, a-t-il précisé. De son côté, le ministre algérien a rappelé les différentes rencontres initiées dans le cadre des efforts communs pour la lutte contre le phénomène. En plus des mécanismes communs mis en place par les pays du champ, le dialogue autour de la sécurité au Sahel a été élargi aux pays extrarégionaux dans la perspective d'une assistance technique et logistique. Le prochain sommet des MAE des pays du champ aura lieu début décembre à Nouakchott, alors que le forum mondial contre le terrorisme affilié à l'ONU, co-présidé par l'Algérie et le Canada, tiendra sa première réunion en fin de semaine à Alger. Participeront à ce forum consacré au dossier du Sahel 35 pays étrangers, a indiqué M. Messahel. Le sommet de Nouakchott sera élargi à trois pays de la région, le Tchad, le Burkina-Faso et le Nigeria. Cela s'explique par les connexions entre les différents groupes terroristes, notamment Aqmi et Boko Haram. La Libye n'est pas pour l'instant concernée. “Nous attendons la formation d'un gouvernement”, a expliqué M. Messahel, ajoutant que “nous souhaitons une position claire”. Sur le terrain, la situation devient encore plus compliquée avec le renforcement des capacités des groupes terroristes, notamment l'acquisition des armes en provenance de Libye, reconnue par Mokhtar Belmokhtar, et le retour massif des travailleurs nigériens et maliens de la Libye. Autant de problèmes liés aux armes pour les anciens combattants avec Kadhafi et leur réinsertion. “Les dommages collatéraux de la crise libyenne.” Ce qui va demander encore plus d'efforts de développement dans cette région globalement désertique ; l'une des plus pauvres au monde. Et c'est justement l'une des principales et prioritaires missions des mécanismes mis en place par les pays du champ, sachant, comme ils ont convenu, que la sécurité est indissociable du développement économique et social. Le MAE mauritanien a été reçu par plusieurs ministres avec lesquels il a eu des discussions autour de dossiers de coopération et de partenariat. Les dossiers de coopération énergétique et des travaux publics connaissent des avancées. La Sonatrach participe dans des projets de prospection et de forage alors que les travaux publics vont bientôt achever la construction de la route Tindouf-Choum. Algériens et Mauritaniens ont affiché une volonté d'étendre la coopération à tous les domaines et renforcer davantage les échanges commerciaux. Le volume des échanges ne dépasse pas les trois millions de dollars. L'Algérie, dans un premier pas, sera présente en force à l'occasion de la foire de Nouakchott, le mois de décembre prochain. Djilali B.