Le retard dans la mise en œuvre du mouvement des magistrats serait dû au blocage de la liste de Bouteflika par les services de renseignements. La chancellerie dément. C'est aujourd'hui que seront finalement installés les magistrats, nouvellement nommés aux postes de présidents de cour et procureurs généraux. L'attente de connaître leur identité aura duré plus de quarante-huit heures. D'ailleurs, jusqu'à hier avant le f'tour, les notifications des décisions de désignation ou de fin de missions n'étaient pas encore parvenues officiellement à leurs destinataires. Selon des sources généralement bien informées, la liste des magistrats n'a pas été rendue publique plus tôt, à cause d'un couac dans la procédure réglementaire. Le président de la République aurait fait l'annonce du mouvement dans le corps de la magistrature, via les canaux de communication officiels (l'ENTV et l'APS), avant de soumettre la liste des magistrats, qui devraient remplacer ceux démis de leurs fonctions, au Département du renseignement et de la sécurité (DRS). En d'autres termes, le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, aurait mis la charrue avant les bœufs, car il est tenu de prendre en considération les appréciations du DRS sur les noms proposés après une enquête d'habilitation. Heureusement pour lui, les responsables du DRS n'auraient pas trop tardé, selon nos sources, à donner un avis favorable sur les futures nominations, certainement pour ne pas susciter davantage d'interrogations. Un doute demeurera néanmoins entretenu sur un point : la liste proposée par le président de la République a-t-elle été avalisée dans sa configuration initiale ou a-t-elle subi des modifications ? Très difficile à savoir. Il n'en demeure pas moins qu'une source autorisée au ministère de la Justice a catégoriquement démenti l'information faisant état d'un quelconque désaccord entre la présidence de la République et le DRS sur le dernier mouvement des magistrats. “Les nouveaux présidents de cour et les procureurs généraux seront installés ce mercredi. C'est une preuve suffisante qu'il n'y a pas de problèmes”, nous dit-on. Personne n'a pu toutefois nous donner les noms des dix nouveaux présidents de cour et des onze procureurs généraux. Les partants sont, quant à eux, parfaitement identifiés. Le président de la cour d'Alger, Mohamed Zitouni, a été bel et bien “dégommé” par le premier magistrat du pays, qui ne lui a pas vraisemblablement pardonné sa dénonciation — bien que soft — de sa mise à l'écart dans la procédure judiciaire contre le FLN. Son remplaçant sera installé, aujourd'hui, par le premier président de la Cour suprême, Mohamed Zeghloul. Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, présidera, pour sa part, la cérémonie de prise des fonctions du procureur général et président de la cour de Annaba, puis ceux de Constantine. Les cours de justice de Laghouat, Oran, Illizi, Blida et Boumerdès sont également concernés par le changement. Un changement qui intervient un mois après la rentrée universitaire et celle des classes des trois paliers de l'enseignement fondamental. Ce qui risque de perturber quelque peu la scolarité des enfants des magistrats, contraints à rejoindre un nouveau lieu de travail et par conséquent à changer de résidence, selon des témoignages de personnes pressenties touchées par le mouvement dans le corps. S. H.