Un hommage particulier a été rendu, mardi soir à la Maison de la culture Abdelkader-Alloula de Tlemcen, à la grande cantatrice de la musique, cheikha Tetma, qui a ouvert la voie à beaucoup de femmes. Un autre hommage a été rendu au grand maître Abdelkrim Dali. Un hommage particulier a été rendu, mardi soir à la Maison de la culture Abdelkader-Alloula de Tlemcen, à la grande cantatrice de la musique andalouse cheikha Tetma (1891-1962) et à cheikh Abdelkrim Dali (1914-1978) qui, tous deux, ont marqué d'un sceau indélébile l'histoire de la musique classique algérienne durant plusieurs décennies. Cet évènement a été organisé par le département patrimoine immatériel et chorégraphie, relevant du ministère de la Culture, et ce en marge du déroulement de l'exposition Nouba, qui figure au programme la manifestation Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011. Après la projection d'un documentaire retraçant le parcours des deux musiciens qui ont effectué ensemble une partie de leur trajet artistique, Tewfik Benghabrit, universitaire, chef d'orchestre, et El-Hassar Bénali, journaliste et écrivain, ont parlé de la vie et de l'œuvre des deux monuments de la musique andalouse. Abdelkrim Dali, né à Tlemcen dans un milieu pétri de culture maghrébine, entame timidement sa carrière. Son père le confie aux bons soins de cheikh Abdesslam Bensari, musicien de légende et connu pour son répertoire de medh. Il débute par les percussions puis s'essaye à la flûte, la mandoline, pour finir avec le rebeb, le luth et le violon, instruments qu'il maîtrise à la perfection, avant de se joindre à l'orchestre de cheikh Omar Bekhchi. Musicien doué et précoce, en 1930 il réalise son premier enregistrement puis il fera partie de l'orchestre de cheikha Tétma. Il enregistre avec elle un duo avant de mener une grande carrière de musicien et de chanteur d'orchestre. À l'indépendance, il continue sa carrière d'enseignant en qualité de titulaire d'une chaire au Conservatoire d'Alger à partir de 1965, puis de conseiller pour la musique andalouse auprès de l'Institut national de musique. C'est à cette période qu'il enregistre toutes les pièces du patrimoine andalou dont il est le dépositaire incontesté. De son côté, cheikha Tetma vient à la musique et au chant par les fquirates (groupes féminins issus d'une tradition confrérique de chants religieux). En pionnière, elle s'engage dans la chanson, s'associant au mouvement de pensée moderniste qui pousse la société vers l'avant. Elle fréquente l'école coranique de Sidi-Djebbar où elle apprend le coran et la langue arabe. C'est auprès de cheikh Moulay Ahmed Médeghri et des frères Dib, acquis aux idées modernistes, qu'elle apprendra plus tard à chanter l'andalous et à jouer de son premier instrument, la kouitra. Contrainte à l'exil au Maroc, elle revient à Tlemcen en 1922 avec un statut d'artiste reconnue. Elle devient, dès 1930, l'étoile de la chanson féminine au Maghreb. Elle encouragera de jeunes talents à émerger dans la musique, à l'instar de cheikh Abdelkrim Dali dont elle influencera le jeu de l'alto. Cheikha Tetma séjournera six ans à Alger et, en 1954, elle enregistre sa dernière chanson Chal eucht labed tendem, inspirée de l'œuvre poétique de Sidi Lakhdar Benkhelouf. À noter que le cycle des hommages et rencontres consacrés aux maîtres des trois écoles de Tlemcen, Alger et Constantine a débuté le 13 septembre et s'est achevé mardi dernier. Des coffrets d'anthologie exclusifs et livres édités en hommage à ces maîtres de la musique andalouse ont été présentés au public par le chercheur Fayçal Benkalfat. B. Abdelmadjid