Depuis la fermeture de la rue émir-Abdelkader à la circulation et aux piétons pour les travaux du tramway, les riverains se cloîtrent chez eux dès la tombée de la nuit. Il faut avouer que l'entreprise Tram Nour n'a pas facilité la vie aux passants qui utilisent quotidiennement les deux étroites bandes de trottoirs pour se rendre à leur travail. L'exiguïté des deux passages ne permettant la circulation qu'à une seule personne, c'est tout bonnement l'occasion rêvée par les pickpockets. “Ce sont surtout les filles et les personnes seules qui sont les victimes de cette situation”, indiquent des habitants. Ces derniers réclament des mesures de sécurité draconiennes pour parer au plus pressé. Ils affirment mordicus qu'il ne se passe pas un jour sans que l'on ait à enregistrer des agressions suivies de vols. Selon un plan établi par les voleurs, la “cible” localisée est rapidement coincée par un voleur tandis que son acolyte la pousse dans un immeuble pour la détrousser. Quant au troisième complice qui fait le guet, il menace les autres passants à l'aide de sa panoplie d'armes blanches. Vite fait, bien fait. “C'est l'insécurité régnante après la prière du Maghreb qui transforme la rue émir-Abdelkader en véritable coupe-gorge”, témoigne une riveraine dont la fille s'est fait agresser à deux reprises. Les multiples venelles traversant de part et d'autre cette rue d'habitude animée facilite pour ainsi dire la besogne aux pickpockets. Ils disparaissent, sitôt leur forfait accompli, dans les méandres du quartier convulsif de Saint-Pierre. “Les pickpockets, qui sévissent à la place de la Cathédrale, des rues Khemisti et Larbi-Ben-M'hidi ont maintenant pignon sur rue puisqu'ils viennent faire de l'ombre aux autres voleurs qui se sont approprié la rue émir-Abdelkader”, déplore un commerçant. Il n'est pas rare, en effet, d'assister à des rixes sanglantes entre les bandes de malfrats rivales qui se disputent le “contrôle” de cette rue. C'est un peu comme la poule aux œufs d'or, sauf qu'à la place des Gallinacées, ce sont des personnes qui se font plumer tous les jours. “Nous exigeons des pouvoirs publics un service de sécurité renforcé et continu pour nous épargner de ces voleurs, qui semblent défier tout le monde par leurs agissements néfastes”, clament les riverains au bout du rouleau. K. REGUIEG-ISSAAD