Depuis quelques jours, l'attention des habitants de Tlemcen et des observateurs de la vie publique est focalisée sur une affaire opposant un entrepreneur privé de travaux publics, Hadj Eddine Sari Ali Hadj Mustapha, au wali de Tlemcen. L'affaire a défrayé la chronique locale. C'est en lisant les encarts publicitaires sous forme de lettres ouvertes destinées au ministre de l'intérieur et des collectivités locales, au wali, au président de l'APC et au président de la République, insérés dans Liberté par le promoteur, que l'opinion publique a appris qu'un bras de fer oppose les deux parties à propos notamment d'un permis de construire bloqué à l'APC d'un ensemble immobilier qui, comme l'écrit le promoteur, “a reçu l'aval favorable de tous les services techniques concernés tel qu'exigé par la réglementation en vigueur et les promesses de financement par la Cnep”. L'entrepreneur affirme qu'il ne cesse, depuis le 23 septembre 2011, de réclamer la signature de son permis de construire auprès du maire de Tlemcen “qui se refuse d'exécuter cet acte sur injonction d'une autorité locale influente, celle du wali de Tlemcen, vraisemblablement”. M. Hadj Eddine Sari Ali, destinataire d'un courrier du wali, a été étonné que ce dernier intercède au profit de Mme Boudjmaâ Saâdia, propriétaire d'un des logements réalisés aux Cerisiers (mais qui voulait changer du 4e au 5e étage), pour lui adresser une injonction “avec un délai d'un mois pour se conformer scrupuleusement aux lois et à la réglementation en vigueur, faute de quoi, la procédure réglementaire en la matière sera prise à votre encontre”. Le promoteur a répondu au wali en lui faisant remarquer qu'“entre Mme Boudjmaâ et moi existe un contrat où il est stipulé clairement que c'est le tribunal de Tlemcen qui est seul habilité à trancher en cas de litige”. Il a considéré que “la lettre du wali n'est autre que du harcèlement et du terrorisme administratif”, ajoutant : “voilà ce qui pousse nos jeunes à quitter le pays à bord de barques, espérant un avenir meilleur ou à s'immoler par le feu quand ils ne sont pas enrôlés par je ne sais quel noyau fanatique, les transformant ainsi en kamikazes.” M. Hadj Eddine Sari Ali est allé plus loin en traitant le wali de “despote qui fait dans l'affairisme, le clientélisme et le régionalisme et dont le seul but est de plaire à certains de ses supérieurs avec excès de zèle”. Au président de l'APC qui ne lui a pas encore signé son permis de construire, le promoteur privé constate avec regret que toutes les lettres et demandes d'informations au sujet de ce document sont restées sans réponse, ajoutant que l'entreprise et ses salariés se trouvent bloqués à cause justement de ce permis “qui est parfaitement en règle avec les lois en vigueur”, soulignant, par ailleurs, qu'“à travers cet exemple, c'est l'administration qui est responsable du désarroi des investissements en Algérie et surtout la raison du terrorisme, les évasions clandestines et les immolations par le feu de nos jeunes”. À propos de l'assurance auprès du Fonds de garantie non souscrite par le promoteur et évoquée par le wali dans son courrier, M. Hadj Eddine Sari Ali répond : “je n'ai pas vendu de logement sur plan. Nous vendons les logements en cours de réalisation, c'est-à-dire quand l'étape des gros œuvres est pratiquement terminée. Si tel était le cas, il s'agirait d'un contrat de vente sur plan et automatiquement, on a recours à l'adhésion au Fonds de garantie. Or, ce n'est pas le cas, et donc je ne suis pas concerné par cette assurance comme le pense injustement le wali. Je suis dans le secteur depuis 2004 et mon entreprise est connue pour son sérieux et le respect de la réglementation en vigueur. Je me suis inspiré du contrat type de l'ex-entreprise publique du logement (EPLF) sur lequel les deux parties se mettent d'accord.” Dans la lettre ouverte publiée à l'intention du chef de l'Etat le 15 novembre dans les colonnes de Liberté, l'entrepreneur souligne : “à chaque fois que j'entreprends de réaliser un projet, le wali et le président de l'APC de Tlemcen se dressent sur mon chemin sans aucune raison, ni explication, comme en 2008 où le maire a mis six mois pour la signature de mes permis de construire”, ajoutant, par ailleurs, que le wali “lui a adressé une réquisition formulée en date du 7 avril 2011 où il m'a ordonné, avec menace, de mettre à sa disposition mes deux autocars pour une durée de six jours dans le cadre de la manifestation ‘‘Tlemcen capitale de la culture islamique”, chose que j'ai dû exécuter, mais à ce jour, cette prestation, qui se chiffre à 700 000 DA, est restée impayée”. Dans cette lettre, M. Hadj Eddine Sari Ali demande purement et simplement au chef de l'Etat “de relever de leurs fonctions le wali et le président de l'APC”, invoquant “l'incompétence, le clientélisme, voire plus grave, l'abus de pouvoir ainsi que les graves rumeurs de mauvaise gestion et malversation circulant à leur sujet chez bon nombre de tlemcéniens, vis-à-vis de qui l'image et la crédibilité de l'Etat sont sérieusement ternies”. Dans notre tentative d'obtenir la version et des éclaircissements des deux autres parties, en l'occurrence le président de l'APC et le wali, on a appris que ces deux responsables ont quitté Tlemcen pour un déplacement d'une dizaine de jours en Russie afin de signer un protocole de jumelage avec la ville historique de Kasan Tartaristan. L'affaire en question risque de connaître des rebondissements. B. Abdelmadjid