Rejetant le discours du maréchal Tantaoui, les manifestants exigent désormais le départ pur et simple des militaires du pouvoir, alors que les affrontements avec les forces de sécurité ont repris, faisant trois morts hier dans la matinée. Radicalisant leur position contre le Conseil suprême des forces armées, les occupants de la place Tahrir au Caire réclament le départ des militaires du pouvoir, malgré les concessions contenues dans le discours du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui. Pis, de violents affrontements ont eu lieu hier entre la police et des milliers de manifestants, qui rejettent la promesse du chef de l'armée d'organiser une élection présidentielle mi-2012 pour un retour au pouvoir civil. Et pour la première fois, des médecins ont fait état de décès par balles réelles de trois personnes au cours de ces violences, portant le bilan des morts à au moins 33 depuis samedi. à signaler que des militants ont dénoncé ce qu'ils ont qualifié de “policiers arracheurs d'yeux”, en accusant les forces de l'ordre armées de fusils, tirant notamment des balles en caoutchouc, de viser délibérément les yeux des manifestants. Une vidéo vue des milliers de fois sur Youtube puis diffusée par une télévision privée, qui montre un officier armé d'un fusil tirant sur les manifestants dans la rue Mohamed Mahmoud, qui mène au ministère de l'Intérieur, près de la place Tahrir, a particulièrement choqué dans le pays. Tournée du côté des policiers, elle montre un officier s'avancer vers les manifestants puis tirer à plusieurs reprises, tandis qu'un de ses collègues le félicite : “Dans son œil ! C'est dans son œil ! Bravo, mon ami !” Le tireur a le visage découvert et sa photo, extraite de la vidéo, est en train de faire le tour de l'égypte. Par ailleurs, la contestation continuait de secouer de nombreuses autres villes à travers le pays. Des affrontements étaient notamment signalés à Alexandrie et Port-Saïd (nord), Suez, Qena (centre), Assiout et Aswane (sud) ainsi que dans la province de Daqahliya, dans le delta du Nil. Réagissant à ces violences, le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Mme Navi Pillay, a réclamé une enquête “rapide, impartiale et indépendante” sur les violences. Sous la pression de la rue, ce dernier s'est engagé mardi soir à organiser une présidentielle avant fin juin 2012, se disant prêt à remettre le pouvoir immédiatement si un éventuel référendum en décidait ainsi. Les protestataires, déterminés à rester sur Tahrir par milliers, disent ne pas croire un mot des paroles du maréchal, ministre de la Défense sous l'ancien régime et qu'ils assimilent désormais à son ancien mentor Hosni Moubarak. “Il est désormais clair que celui qui écrivait les discours du président déchu Moubarak est le même que celui qui écrit les discours de monsieur le maréchal”, ironise le Mouvement des Jeunes du 6 Avril dans un communiqué. “Tantaoui, c'est Moubarak copié/collé. C'est Moubarak en tenue militaire”, assure un manifestant, Ahmed Mamdouh, un comptable de 35 ans. La détermination de la rue, qui a déjà provoqué la démission du gouvernement mis en place par le pouvoir militaire, laisse présager un bras de fer de longue durée, alors que les premières législatives depuis la chute de Hosni Moubarak doivent débuter dans cinq jours, le 28 novembre. Ce contexte de crise fait craindre que les premières législatives depuis la chute de Hosni Moubarak ne soient émaillées de violences. Le maréchal Tantaoui a assuré qu'elles débuteraient à la date prévue, le 28 novembre. Merzak Tigrine