La Ligue arabe restera-t-elle réticente à toute internationalisation de la question syrienne ? Les ministres arabes des AE ont franchi le pas en appelant le SG des Nations unies à “prendre les mesures nécessaires pour appuyer les efforts de la Ligue arabe pour résoudre la crise en Syrie”. Plus de détails lors de leur réunion aujourd'hui au Caire, élargie aux ministres des Finances, pour décider de sanctions contre Damas, dans le cas d'un refus par la Syrie de signer l'accord sur l'envoi d'observateurs. Beyrouth s'est déjà dit opposé à de telles mesures. Ces sanctions sont, selon un responsable de la Ligue, “la suspension des vols vers la Syrie, des transactions avec la Banque centrale, des transactions commerciales avec le gouvernement, à l'exception de celles portant sur les biens de première nécessité pour le peuple, le gel des avoirs financiers du gouvernement et l'arrêt des transactions financières avec ce dernier”. L'économie syrienne est déjà affectée par les sanctions prises par l'Union européenne et les Etats-Unis notamment. Des mesures de rétorsion économiques arabes risqueraient d'étouffer la Syrie, car la moitié de ses exportations et près d'un quart de ses importations se font avec les pays arabes. Pendant ce temps, le chef de l'Armée syrienne libre, regroupant les militaires dissidents, s'est dit favorable à des frappes aériennes étrangères. Le colonel Assaad a également annoncé que son armée libre comptait au moins 20 000 hommes et que le nombre augmente chaque jour. “Nous ne sommes pas favorables à l'entrée de troupes étrangères, comme cela fut le cas en Irak, mais nous voulons que la communauté internationale nous fournisse un soutien logistique”, a-t-il déclaré depuis la Turquie, où apparemment est basée l'ossature de cette armée, créée voilà moins d'un mois. L'ASL a multiplié ces dernières semaines les attaques, ouvertement revendiquées, contre l'armée syrienne et les miliciens du régime. Ce qui a fait dire, aux derniers soutiens de Bachar Al-Assad, la Russie notamment, que la Syrie est bien partie pour s'installer dans la guerre civile. Ce qui a aussi, semble-t-il, retenu les ardeurs la Ligue arabe où des chefs d'état préviennent avec insistance contre tout scénario du type libyen. Ce fut, par ailleurs, la position originelle du Conseil national syrien de transition qui regroupe l'opposition qui s'est retournée la première contre le régime de Damas, mais on ne sait pas encore ce qui va advenir de cette posture avec l'entrée en lice de l'ASL. Ces militaires eux ne font pas dans la dentelle. Ils revendiquent une issue à la libyenne. “Nous souhaitons une protection internationale avec la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne et d'une zone tampon et aussi des frappes contre certaines cibles stratégiques que le régime considère comme cruciales, pour triompher dans un délai relativement court”, a dit sans ambages ni la moindre fioriture le chef de la sédition militaire. Les appels de l'ASL ont fait sortir de ses gonds le chef du Conseil national syrien, Burhan Ghalioun, qui a appelé depuis Paris l'ASL à ne pas mener d'actions offensives contre l'armée régulière. Divergences entre le CNS et l'ASL ? Tout porte à le penser avec la réaction du chef de l'opposition armée. D. B.