Chegga est situé à 30 km du chef-lieu de la commune d'El-Allia et à 45 km de la daïra de Touggourt. Ce village est un carrefour entre quatre wilayas : Ouargla, Oued Souf, Ghardaïa et Djelfa. Une situation géographique qui, si ce n'était l'indifférence des autorités locales, aurait pu être un pôle agricole important. Dans son état actuel, toutes les conditions poussent les habitants de ce village à le quitter pour aller vivre ailleurs. Pour ceux qui n'ont pas le choix, ils bravent les difficultés de la vie quotidienne. La population est très pauvre. Elle vit de l'agriculture, particulièrement de quelques palmiers-dattiers et de petits élevages de cheptel. L'inexistence d'infrastructures de base est criante. Comme le cas de ces collégiens et lycéens qui parcourent au quotidien 60 km, aller et retour, pour se rendre à leurs établissements scolaires respectifs, transportés dans des minibus déglingués. Ces élèves sont exposés aux terribles aléas climatiques, vent de sable, chaleur, et froid. Les intempéries font très peur aux habitants à cause de la fragilité de leurs maisons. Construites à base de matériaux locaux (argile, sable, gypse et pierres), elles menacent de s'écrouler à tout moment. L'absence de prise en charge socioprofessionnelle des jeunes de Chegga est flagrante, chose qui les incite à déserter le village et rejoindre la ville dans l'espoir de décrocher un emploi. Tandis que certains ont déjà sombré dans la débauche. Les habitants que nous avons rencontrés ont exprimé leurs griefs envers leurs élus locaux. “Ils ne connaissent l'itinéraire du village qu'à l'approche des élections électorales”, nous disent-ils d'eux. Les milliers de palmiers-dattiers que contient Chegga sont menacés de mort à cause de la montée des eaux, faute de système de drainage. Les routes sont impraticables. Un seul médecin assure le suivi médical des habitants. Il se rend au village une fois par semaine, ce qui crée une situation d'anarchie les jours de visite au niveau de la polyclinique non équipée d'appareils, de médicaments et d'une équipe médicale apte à assurer une meilleure prestation aux patients. Les cas d'urgence sont une obsession qui effraye les villageois, surtout dans le cas de piqûres de scorpion. D'ailleurs, plusieurs victimes sont mortes avant d'arriver à l'hôpital de Touggourt. La délivrance de papiers officiels se fait sur “demande”, avec une attente qui dure parfois plus d'une semaine, ce qui engendre un retard dans l'accomplissement des formalités administratives. Enfin, les habitants de Chegga lancent un S.O.S. aux autorités locales et à tous les services concernés, dans l'espoir d'intervenir pour les faire sortir de l'indifférence et de la marginalisation dans lesquelles ils vivent, et leur permettre un cadre de vie meilleur. Ammar Dafeur