L'office des établissements de jeunes (Odej), en collaboration avec la direction de la jeunesse et des sports de la wilaya de Tamanrasset, a organisé la première rencontre nationale des jeunes randonneurs et de l'astronomie. Le coup d'envoi de la manifestation a été donné mercredi dernier du mois en cours avec, au menu, plusieurs activités tant scientifiques que touristiques. Cette rencontre entre dans le cadre de la vulgarisation et de la sensibilisation des jeunes des quatre coins du pays sur le patrimoine touristique de la wilaya de Tamanrasset à travers les différentes expositions sur le tourisme local organisées particulièrement dans le village traditionnel, et les randonnées pédestre programmées dans les pittoresques sites Tahabort, Afilal, Imlaoulaouen et Assekrem. Au volet scientifique, “nous avons mis sur pied un riche programme en mesure de mettre en valeur les spécificités de la région et son rôle non négligeable dans le développement de l'astronomie en Algérie”, explique le directeur de l'Odej, M. Badjouda, en faisant remarquer que 22 wilayas ont pris part à cette rencontre. De prime abord, les astronomes amateurs ont manifesté un intérêt particulier pour cette région, qui dispose d'énormes potentialités quant à leur activité. Ils sont unanimes à exiger la réalisation d'un observatoire astronomique dans la région. “Tamanrasset est le meilleur endroit pour les recherches et les activités astronomiques en Algérie”, témoigne Abdellatif Cheblaoui, représentant de l'association scientifique de Blida, en insistant sur la mise en place “des moyens didactiques, notamment en matière d'ouvrages et d'archives sur l'astronomie pour mettre à niveau nos connaissances.” Même son de cloche chez le président du club d'astronomie Mechdalah de Bouira, Aïssa Hamichi, qui a expliqué, pour sa part, “l'importance de la visibilité du ciel et l'altitude dans les recherches astronomiques, notamment à Assekrem ou à Tahat, étant les points les plus culminants en Algérie.” Evoquant les problèmes auxquels font face les clubs d'amateurs en astronomie, Aïssa a signalé avec regret “la défaillance de l'Etat dans le développent de ce type d'activité.” L'amateurisme en astronomie n'est malheureusement pas au centre des intérêts de nos responsables, et les jeunes sont démotivés et se désintéressent de plus en plus de cette activité. Pourtant, et particulièrement dans les pays occidentaux, ce sont les amateurs qui développent la recherche astronomique et non pas les professionnels, qui restent généralement cloitrés dans leurs ateliers à étudier un phénomène céleste donné. L'Algérie ne possède qu'un seul observatoire, et pour y accéder, on vous fait boire le calice jusqu'à la lie”, s'est-il désolé. Dans le même ordre d'idées, le président de l'association scientifique Amnir Ghardaïa a soulevé l'épineux problème lié à l'acquisition des instruments de travail, soumis à une autorisation spéciale émise par les ministères de la Défense et de l'Intérieur. “C'est un véritable parcours de combattant. Les procédures sont tellement compliquées qu'on a fini par abandonner. Les autorités ne nous facilitent pas la tâche. C'est vrai que ces équipements sont sensibles et nécessitent une autorisation spéciale mais quand il s'agit d'une association agréée, disposant d'un capital expérience important, je pense que ce n'est pas la même chose, d'autant plus que cette bureaucratie encombrante n'aide en aucun cas au développement de l'astronomie en Algérie”, s'est-il lamenté. À ce sujet, l'attaché de recherche au Centre de recherche d'astronomie, d'astrophysique et de géophysique d'Alger (Craag), Baba Aïssa, a tenu à expliquer que “les moyens et les instruments d'observation en astronomie sont prohibés parce qu'ils sont utilisés à d'autres fins. Et c'est pour cette raison qu'on a soumis leur acquisition à une autorisation spéciale.” Parlant du projet de l'observatoire, il a assuré qu' “au niveau du Craag, on a l'intention de créer un observatoire à Tamanrasset pour l'étude du soleil et non pas pour l'étude des étoiles ou des planètes, car on a une très grande équipe qui s'intéresse beaucoup plus à l'activité solaire. Donc, et selon l'effectif, le créneau de recherche choisi est d'étudier le soleil, d'autant plus qu'on dispose des instruments adéquats pour ce type d'études, outre que l'expérience acquise dans le domaine en collaboration avec les autres équipes internationales. La ville de Tamanrasset est très intéressante car, de par sa situation, on y peut voir des constellations non observables à Alger, tels la Croix du Sud et les Centaures. On peut également voir beaucoup d'autres objets célestes ainsi que de nouvelles constellations.” RABAH KARECHE