L'ambassadeur souhaite donner un coup de fouet aux relations bilatérales et relancer le business entre les deux pays. “Nous avons fait beaucoup de choses mais beaucoup de choses restent à faire !” L'ambassadeur de l'Inde en Algérie, M. Kuldeep S. Bhardwaj, estime que les relations bilatérales entre l'Algérie et l'Inde ont atteint un haut niveau sur les plans politique et culturel mais du point de vue économique et commercial, le chemin à parcourir est encore long. Les 2,3 milliards de dollars de volume des échanges enregistrés en 2010 témoignent de ce retard accusé par les deux nations dans le domaine des affaires. Cela étant, Son Excellence M. l'ambassadeur souhaite donner un coup de fouet à ces relations et relancer le business entre les deux pays. Un forum dédié à cette perspective, deuxième du genre, a été organisé hier d'ailleurs, par les services de l'ambassade. L'objectif attendu de cette rencontre est d'étudier les voies et moyens à même d'accorder un second souffle aux échanges économiques algéro-indiens. L'occasion est donc offerte aux opérateurs des deux pays de connaître les besoins de chacune des deux parties. M. Kuldeep S. Bhardwaj a, au cours de son intervention, situé les potentialités et autres opportunités d'investissement qu'offre son pays aux investisseurs étrangers. L'Inde est classée 4e grande économie mondiale avec un PIB de 1 100 milliards de dollars et une croissance constante autour de 8% durant ces dernières décennies. Ses réserves de changes sont évaluées à plus de 316 milliards de dollars alors que ses ressources avoisinent les 300 milliards de dollars. Son commerce extérieur est de l'ordre de 260 milliards de dollars dont 108 milliards de dollars d'exportations et 151 milliards de dollars d'importations. L'Inde est, selon l'ambassadeur, intéressée par la signature de conventions dans les domaines du pétrole et du gaz. Ce pays veut importer des quantités plus importantes de gaz algérien. Car les importations indiennes actuelles de gaz à partir de l'Algérie ne dépassent pas, souligne M. Bhardwaj, 1,5 milliard de dollars/an. Le reste est importé du Qatar, Oman, Malaisie… Dans ce cadre, une délégation composée de responsables des entreprises Sonatrach et Ferphos prendra part à un colloque prévu le 9 décembre à New-Delhi. Il sera question de négociations pour conclure un marché entre les deux pays notamment en ce qui concerne les engrais pour lesquels l'Inde exprime un grand besoin pour son agriculture. L'intérêt est également manifesté pour l'industrie pharmaceutique et l'informatique, créneaux sur lesquels l'ambassadeur fonde beaucoup d'espoirs afin de réaliser des projets de partenariat gagnant-gagnant. Invité à ce forum, Abdelatif Benachenhou, ex-ministre des Finances, a mis l'accent sur les besoins de l'Algérie pouvant susciter l'engouement des Indiens. Notre pays, selon lui, a besoin d'investissements productifs. Pour lui, l'Etat, Sonatrach et Sonelgaz ont utilisé 85% de l'investissement global. Ce qui a permis, certes, de rattraper un tant soit peu, indique-t-il, le déficit infrastructurel dont souffre l'Algérie. Cependant, ces deux entreprises ne peuvent pas résoudre le problème du chômage et n'emploient pas les dizaines de milliers de jeunes diplômés qui arrivent chaque année sur le marché de l'emploi. L'investissement économique, qui produit de la richesse, abstraction faite des sociétés activant dans les secteurs de l'énergie et des travaux publics, est évalué par l'ex-grand argentier du pays à 3% seulement contre 30% en Inde. L'Algérie doit améliorer, affirme-t-il, sa formation. “Sur les milliers de diplômés de l'université algérienne, seuls 9% sont des ingénieurs spécialisés. La structure des filières de formation est préoccupante”, déplore M. Benachenhou. L'intervenant appelle les pouvoirs publics à plus de diversification de l'économie nationale. “Je constate que plus on investit, moins notre économie se diversifie”, regrette-t-il. La dépense publique n'a, explique-t-il, pas contribué à cette diversification. Il évoque, en outre, le surplus d'épargne de près de 23% d'un total de 45% qui n'est pas investi. En termes plus clairs, l'investissement du pays est moindre par rapport à l'épargne existante. Abordant les relations algéro-indiennes, Abdelatif Benachenhou plaide pour une compréhension et une volonté mutuelles. “Il faut que les Algériens soient très attentifs aux besoins de l'Inde”, avoue-t-il. Outre l'énergie, il cite la production pharmaceutique, les télécoms, l'usage de l'anglais… autant de secteurs capables d'attirer les opérateurs indiens. Toutefois, “l'Algérie a un besoin pressant de clarifier sa politique d'attractivité des investisseurs”, conclut-il. Badreddine KHRIS