Constantine Guerre pour le contrôle des mosquées Deux mosquées, situées sur le plateau universitaire de Aïn El-Bey, font, depuis des mois, l'objet d'une véritable OPA lancée par des étudiants fondamentalistes en mal de tribunes pour vendre leur islam politique. L'une d'elles, la mosquée de la résidence universitaire Mentouri, est déjà entre les mains d'activistes affiliés au MSP. La mosquée de la cité 1 100-Logements de Aïn El-Bey a vécu une fin de semaine houleuse. Exacerbés par le comportement de plus en plus ostentatoire de jeunes étudiants se revendiquant de l'école salafia, des fidèles de la mosquée ont fini par se suppléer aux autorités concernées et prêter main-forte à l'imam afin d'imposer le respect du caractère sacré des lieux et les textes les régissant. Ce qui a fini par sortir les fidèles de leurs gonds, c'est le passage des étudiants salafistes, venus de la résidence universitaire limitrophe Zouaghi, à une étape supérieure dans la guerre qu'ils mènent à l'imam pour le pousser à capituler et partant leur offrir le contrôle de la mosquée. Selon des témoins oculaires, alors que l'imam prêchait, des étudiants salafistes, regroupés dans un coin de la mosquée, ont commencé à réciter à haute voix des versets coraniques tout en se préparant à tenir la prière d'el-icha en solo. L'imam, comme à l'accoutumée, rappela les salafistes à l'ordre. Mais c'était compter sans la détermination de ces derniers de passer, ce jour-là, au contrôle de ce lieu de culte. Une véritable cacophonie régna alors dans la mosquée quand les salafistes accusèrent l'imam de tous les maux allant jusqu'à douter de sa compétence à diriger la prière. C'est à ce moment qu'une dizaine de fidèles sont intervenus pour dissuader les salafistes de continuer dans leur provocation et ramener l'ordre dans la mosquée. Cet incident n'est pas le premier du genre. La mosquée de la cité des 1 100- Logements a toujours été convoitée par des étudiants fondamentalistes. Ouverte à l'environnement extérieur, contrairement à la mosquée de la résidence universitaire Zouaghi, celle des 1 100 -Logements est périodiquement ciblée par ces “prédicateurs” qui cherchent à travers son contrôle à récupérer une tribune à grande audience pour leur “daâwa”. La dernière tentative remonte à la dernière année universitaire où l'imam et les fidèles sont parvenus, non sans mal, à chasser les étudiants salafistes de la mosquée, alors qu'ils se préparaient à tenir une série de prêches. À ce sujet, des étudiants ont envoyé, ces derniers jours, une correspondance à différents responsables dénonçant l'accaparement de la mosquée de la résidence universitaire Mentouri. Les fidèles s'interrogent sur le laxisme des responsables chargés de préserver les lieux de culte de la fitna des fondamentalistes. Au moment où les forces de sécurité mènent aux différents bras armés de l'intégrisme une guerre sans merci, les profits réalisés aux Babors, à Bissi, à Djebel Ouahch… sont passés en pertes par une gestion chaotique de la cité. La lutte antiterroriste est un tout qui va du sécuritaire au socioéconomique, en passant par la préservation de l'espace religieux du discours intégriste. M. K.