La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a abrité, lundi et mardi derniers, des activités culturelles et artistiques en hommage au dramaturge d'expression amazighe Mohya, de son vrai nom Mohia Abdellah. Natif d'Aït Eurbah (commune d'Iboudrarène), Mohya voit le jour le 1er novembre 1950, son père exerçait comme tailleur à Azazga. Mohya puisait de la culture des autres sociétés du monde pour enrichir la sienne. “Il m'a toujours été paru plus aisé d'adapter des auteurs étrangers que de noircir des pages et des pages de mon cru”, avait-il dit. Rencontré avant-hier au théâtre régional de Tizi Ouzou, lors de la présentation de son spectacle en langue chaouie intitulé Achal Ghar Athemtanet (aimé à en mourir), Homa Meliani se souvient bien de cet homme honnête, simple et modeste. “Je garde de lui l'image d'un être simple, humoriste et surtout très humaniste. Il était un grand défenseur de l'amazighité. Il y avait entre nous un rapport de fraternité, car on partageait aussi le même combat.” Installé en France après l'obtention d'une licence en mathématiques à l'université d'Alger en 1972, sa verve, son amour pour la culture et la langue amazighe l'on conduit à promouvoir tamazight en créant un atelier de traduction et d'adaptation avec un groupe d'amis. Les débuts de Mohya dans le théâtre remontent à son passage au lycée Amirouche de Tizi Ouzou, où avec un groupe d'amis il crée une troupe théâtrale qui subit l'ostracisme de l'administration qui voyait en cette initiative une véritable menace. Puis à l'université d'Alger, il fonde avec d'anciens amis du lycée “le cercle des étudiants de Ben Aknoun”. Son déclic a été la pièce Mohamed prend ta valise de Kateb Yacine. C'est alors le début d'un parcours qui sera enrichi tout au long de sa carrière par plusieurs traductions et adaptations qui feront de lui un avant-gardiste et un personnage marquant de toute une génération. Beaucoup de ses poèmes ont été chantés par notamment Takfarinas, Ferhat Imazighen Imoula, Malika Domrane, Slimane Chaabi et Idir. Curieusement, juste avant sa mort, alors qu'il était hospitalisé, témoigne Dr Said Chemakh lors d'une communication qu'il a animée à l'occasion de cet hommage, “sa maison fera l'objet d'un cambriolage et le disque dur de son micro-ordinateur et plusieurs manuscrits ont disparu de son domicile”. “Il était l'un des précurseurs du théâtre d'expression amazighe, puisque ce théâtre reste un élément nouveau dans notre culture”, ajoute le Dr Chemakh. La journée d'hier était dédiée spécialement au théâtre Mohya, avec la présentation de deux spectacles Urgagh muthagh, par la troupe du Théâtre régional de Béjaïa, et Silahlou, de la troupe Imesdourar de Mekla. Mercredi, une cérémonie de recueillement a eu lieu sur sa tombe, à Aït Eurbah. Dans la même journée, la grande salle de la maison de la culture de Tizi Ouzou a abrité un spectacle de Salah Gaoua intitulé Salah Gaoua chante et dit Mohya. Kocila Tighilt