Le coordinateur de la wilaya de Bejaïa de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a déclaré que le gouvernement algérien sera auditionné en juin 2012 par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, à Genève. Cette audition portera notamment sur la situation des droits de l'homme qui ne cesse de se dégrader dans notre pays. “Outre la présentation de son rapport officiel sur la question des droits de l'homme sur son territoire, l'Etat algérien aura également à répondre aux plaintes contenues dans le rapport regroupant les informations fournies par des organisations de la société civile et autres ONG nationales et internationales de protection des droits de l'homme”, a déclaré, avant-hier, Saïd Salhi, le coordinateur de la wilaya de Béjaïa de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), lors d'une conférence publique qui s'est tenue à la salle de délibération de l'APC d'Akbou. Cette rencontre-débat organisée, hier, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale des droits de l'homme, coïncidant avec le 10 décembre de chaque année, a été l'occasion pour l'orateur de rappeler “la nature machiavélique du pouvoir algérien” qui a, selon lui, lancé des promesses de réformes politiques dont “le seul but recherché n'est autre qu'un effet d'annonce”. Ainsi donc, pour le représentant de la LADDH au niveau de la wilaya de Béjaïa, les quelques acquis démocratiques arrachés de haute lutte par les révoltés d'octobre 1988 se sont effrités. “Il y a réellement une régression flagrante, voire une menace sur les libertés publiques. La situation des droits de l'homme est en nette dégradation. Le pouvoir en place cherche à verrouiller davantage les espaces d'expression libre, à travers les tout nouveaux projets de lois sur les partis, les associations et les médias. Le projet de réformes annoncées par Bouteflika n'est qu'un autre tour de vis au peuple algérien”, a-t-il souligné. Revenant sur la lancinante question de violation des droits de l'homme, M. Salhi tient à préciser que l'Algérie reste toujours à la traîne en matière de protection et de promotion des droits humains. Pour preuve, soutient-il, notre pays est aujourd'hui épinglé par les plus importantes ONG internationales, notamment Human Right Watch (HWR) et l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'homme (OPDDH)… Selon le conférencier, le comble est que l'Algérie a ratifié la quasi-totalité des instruments internationaux des droits de l'homme, mais malheureusement sur le terrain, aucun pacte n'a été respecté ! Surfant sur les révolutions dites “Printemps arabe”, le coordinateur de la LADDH estimera que “l'Algérie n'est guère à l'abri de ce qui se passe dans nos pays voisins. Elle n'échappera donc pas au vent de la révolte qui souffle ces derniers mois sur les pays arabes”. “Le changement de régime aura lieu. Mais à quel prix ?”, s'est-il interrogé, avant d'enchaîner : “Le pouvoir algérien doit savoir aujourd'hui que le temps du changement est arrivé. Et s'il ne lâche pas, on ira inévitablement vers l'affrontement”. À noter enfin que la LADDH de Béjaïa a organisé hier, à la maison de la culture Taos-Amrouche, une conférence-débat avec Me Hocine Zehouane, sur “la situation des droits de l'homme en Algérie à la lumière du Printemps arabe”. KAMEL OUHNIA