Le PJD ne pourra pas gouverner tout seul ne serait-ce qu'à cause des multiples défis à relever, aux attentes difficiles à différer des populations marocaines. Négociations approfondies au Maroc pour former le futur gouvernement et préparer la déclaration gouvernementale. Le futur gouvernement marocain ressemblera au précédent, avec la nouveauté qu'il sera conduit par le leader du PJD, le parti islamiste qui a remporté les législatives en novembre dernier. En effet, l'ancienne majorité au pouvoir a donné son accord pour reprendre du service dans le nouveau gouvernement. Abdelilah Benkirane, qui était le chef de file de l'opposition dans la législature de 2007, va donc répartir son gâteau avec les partis qui étaient en ce temps-là au pouvoir et qui lui taillaient des croupières. Après avoir reçu l'aval officiel des instances décisionnelles du Parti de l'Istiqlal, du Mouvement populaire et du Parti du progrès et du socialisme, le chef de l'islamisme politique marocain doit boucler cette semaine la répartition des portefeuilles ministériels. Le marchandage ne sera pas aisé pour lui, car les trois formations politiques qui ont réuni samedi et dimanche leurs conseils nationaux respectifs nourrissent de grandes ambitions et essaieront de tirer le maximum au cours des tractations, sachant que le parti islamiste, bien que vainqueur dans une élection irréprochable, est tout de même au pied du mur. Le PJD ne pourra pas gouverner tout seul ne serait-ce qu'a cause des multiples défis à relever, aux attentes difficiles à différer des populations marocaines. En outre, le nouveau chef de gouvernement doit également répartir le butin de la victoire entre les membres de son propre parti. Une tâche très complexe au vu des bousculades au portillon du gouvernement. Tout sera décidé après la tenue du conseil national du PJD qui définira la procédure à suivre pour désigner les ministres du parti de la lampe, a annoncé Benkirane qui met au devant de la scène le critère de la compétence. Un message qu'il a également véhiculé à ses nouveaux alliés dont il a exigé le renouvellement et le rajeunissement des équipes qu'ils vont désigner dans son exécutif. Mais au niveau interne de chaque formation de cette nouvelle coalition autour des islamistes, la bataille entre les militants s'avère plus rude notamment au sein de l'Istiqlal. Quelques ténors du plus vieux parti marocain espèrent faire partie du nouveau gouvernement comme M'hammed Khalifa alors que les jeunes istiqlaliens appellent à adopter le principe de l'alternance, préconisé par les islamistes. En tout cas, selon la presse marocaine, Nizar Baraka, le ministre sortant aux Affaires économiques et générales, semble être en mesure de repasser parce que c'est le gendre d'Abbas El-Fassi, figure emblématique au Maroc. Lors du scrutin du 25 novembre, le parti de l'Istiqlal a remporté 60 sièges, occupant ainsi la deuxième place après le PJD. Du côté du Mouvement populaire, la bataille n'est pas aussi rude qu'au sein du Parti de l'Istiqlal mais ce parti revendique au moins cinq portefeuilles ministériels ! Son SG, Mohand Laenser, s'est dit optimiste et comme pour appuyer l'ambition de sa formation, il a annoncé “le soutien inconditionnel” au futur gouvernement de la part des petites formations qui ont décroché, ensemble, sept sièges au Parlement. Quant au Parti du progrès et du socialisme, il décrochera au moins deux départements. Comme à l'accoutumée. Son poids électoral ne lui permet pas de faire pression sur le PJD même si le chef de file de celui-ci a récemment souligné à plusieurs reprises qu'il ne faut pas juger le PPS par son score électoral mais par son histoire et son rayonnement politique. Pour expliquer l'entrisme du PPS, son SG Nabil Benabdellah a signalé après l'adoption, sans surprise, du principe de la participation par la majorité absolue du comité central, que sa formation a “toujours privilégié l'intérêt de la nation” et que tout en gardant son identité et son idéologie, celle-ci défendra les droits et les libertés individuelles. Ce parti veut diriger des portefeuilles qui ont un lien direct avec les citoyens. à en croire son SG, le PPS ne veut plus jouer le rôle de figurant au sein du gouvernement, il sera la mouche du coche dans l'attelage conduit par les islamistes. Benkirane n'en dit pas moins en assurant que les priorités de son parti et de son exécutif portent sur “la consécration de la démocratie, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ainsi que les dysfonctionnements socio-économiques et la précarité”. La présence de l'Istiqlal et du Mouvement populaire dans le gouvernement Benkirane va certainement faire éclater la Koutla puisque son troisième membre, l'Union socialiste des forces populaires a choisi les rangs de l'opposition. Le chef de file des socialistes Abdelouahed Radi ne parle pas encore d'éclatement de la Koutla, il se retranche derrière le “gel temporaire” de ses activités. C'est le premier accident collatéral de l'arrivée au pouvoir des islamistes au Maroc… D. Bouatta