Qui a dit que les zones arides de l'Algérie ne verront jamais pousser des légumes sur leur sol ? L'agriculture saharienne a encore de beaux jours devant elle. Qui a dit que les zones arides de l'Algérie ne verront jamais pousser des légumes sur leur sol ? Le génie humain, boosté par de longues années de recherche, vient démentir cette ingénue sentence. L'intelligence de l'être humain crée le miracle. Désormais, des bourgeons frêles, tendres et verts jaillissent des végétaux dans ces régions pourtant exhérédées par Dame Nature. C'est l'œuvre d'un système récent conçu spécialement pour les territoires tropicaux où la végétation peine à se dépêtrer des rudes conditions climatiques y prévalant. Là-bas, les plantes s'échaudent mais des techniques appropriées s'adaptant au climat ont été introduites. Des résultats palpables ont été enregistrés depuis. La réussite qu'a connue cette expérience dans cette partie de la planète a passionné les chercheurs algériens soucieux de l'avenir des populations habitant le sud du pays. La technologie vient ainsi au secours du désert. Parmi eux, Mohamed Bouchentouf qui a transposé le jardin, le “Super potager” (SP), vers le désert algérien. Il s'agit d'un kit pour créer un jardin potager écologique capable de nourrir une famille sur une parcelle de 60 m2. Grâce à ce mode de culture biologique intensif, la production s'étale tout au long de l'année avec un cycle très régulier de 45 jours, quelle que soit la saison. De plus, ce système réduit la consommation d'eau de plus de 80% et limite le travail à deux heures par jour. C'est une solution qui permet de nourrir suffisamment une famille de dix personnes pendant un an ! Un autre avantage de cette méthode a trait au temps de travail nécessaire et efficace, réduit, tenez-vous bien, à seulement deux heures/jour pour une famille ! Mis au point au Niger et au Sénégal, il s'adapte à toutes les zones tropicales. Le kit combine le jardin tropical amélioré fondé sur l'utilisation des planches bordées de bâches en plastique enfoncées dans le sol qui aident la plante à s'enraciner en profondeur et, donc, à mieux résister à la chaleur, JTS Semences et le biochar de Pro-Natura. 60 m2 pour nourrir 10 personnes/an Le biochar, qui se compose de poussière de charbon de bois, fabriqué à partir de biomasse renouvelable, est une technique ancestrale de fertilisation des sols. Celui-ci, incorporé en une seule fois dans le sol à raison d'un kilo par mètre carré, permet de doubler la productivité des terres et d'améliorer leur qualité. Le kit comprend les semences adaptées (non OGM), les amendements du sol, le matériel d'irrigation et les équipements innovants. Cette pratique a été d'ores et déjà lancée à Hassi-Messaoud en 2010. Le principal initiateur du projet est la société française Sodexo, spécialisée dans le catering et la restauration, implantée au Sud. Cette entreprise a, en réalité, conçu et créé ce projet à Hassi-Messaoud, avec cinq partenaires que sont Pro-Natura International, Sonahess, JTS Semences, les services agricoles de la région et deux agriculteurs. Le challenge que s'offre ainsi le concepteur, c'est de pouvoir adapter les cultures à l'aridité des sols et à la rareté de l'eau, paramètres ardus qui caractérisent la partie sud du pays. Le projet a été mis en œuvre en mars 2010 sur deux terrains de 60 m2 chacun à Hassi-Réda et Hassi-Khouildat. Sur ces parcelles, il a été planté des concombres, des courgettes et des gombos. M. Laurent Martin, directeur général de Sodexo Algérie, avoue que le surplus de production sera acheté par Sodexo, conformément à un contrat qui sera signé avec les agriculteurs. En mettant en application ce concept, il a été relevé que la production est constante durant toute l'année avec des cycles réguliers sans effet saisonnier dès la cinquième semaine. Après plus d'une année de sa mise en œuvre, le jardin SP poursuit son aventure. À ce propos, Sodexo Algérie vient de lancer de nouveau son projet vitrine de jardin Super potager sur sa propre base à Hassi-Messaoud. Cette fois-ci, l'expert, M. Bouchentouf, a introduit une innovation technologique : la “chaussette de replantation”. Laitue, betterave, courgette et carotte sont les légumes programmés sur les deux petites planches de production. Suivront ensuite, à partir de février prochain, les cultures de saison, à savoir l'oignon, l'ail, le poivron, l'aubergine, les petits-pois, les haricots… Le SP comporte d'autres innovations, et l'on peut noter en particulier l'introduction de biochar produit par la technologie du charbon vert de Pro-Natura. La cérémonie de lancement a été rehaussée, faut-il le souligner, par la présence de Son Excellence, M. Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie, qui ne cesse d'appuyer ce genre d'initiatives. Et pour transmettre le principe de la préservation des ressources naturelles et la protection de l'environnement aux futures générations, des élèves de l'école sportive de Hassi-Messaoud ont été invités et ont assisté à tout le process de mise en pratique du système. B. K.