Echaudé par les précédents scrutins tous entachés de fraude, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) conditionne sa participation aux prochaines élections par la présence d'une surveillance internationale de qualité et la signature d'un cahier des charges par tous les compétiteurs. “Cette condition (surveillance internationale massive et qualifiée, ndlr), couplée à l'impératif d'un cahier des charges posant les fondamentaux démocratiques en tant que préalables non négociables s'imposant à tout compétiteur, déterminera la position du RCD quant aux prochaines échéances électorales”, note le RCD dans un communiqué contenant les résolutions du conseil national extraordinaire tenu vendredi au cercle d'El Moudjahid à Alger. “L'heure n'est plus aux démagogies populistes agitant une souveraineté régulièrement bradée par les improvisations diplomatiques et les concessions économiques. Seule une surveillance internationale massive et qualifiée permettra de ramener mobilisation citoyenne et crédit politique aux élections dans notre pays”, affirme-t-il encore. Mais le parti de Saïd Sadi doute de la volonté du pouvoir d'accéder à cette revendication. “Exigée depuis de longues années par le RCD, cette surveillance, récemment acceptée du bout des lèvres par le pouvoir, est maintenant l'objet de tergiversations diplomatiques et de contestations politiciennes de la part des bénéficiaires des quotas anciens ou nouvellement recrutés”, assure-t-il. Plus grave encore, il accuse les centres de décision d'avoir réglé les résultats des prochaines élections législatives. Selon le RCD, les quotas à distribuer comme l'identité du grand vainqueur, les islamistes évidemment, sont d'ores et déjà arrêtés. “Le système s'apprête à rééditer une opération électorale réglée par les quotas distribués par les officines”, dénonce-t-il. Et au RCD de prévenir : “Les élections algériennes, marquées par les fraudes récurrentes, seront toujours sanctionnées par une abstention massive si elles relèvent d'une administration aussi partiale qu'incompétente.” Le scepticisme du RCD est aussi motivé par les décisions prises dans tous les domaines par les dirigeants du pays ces derniers mois. Sur le plan politique, le parti de Saïd Sadi voit dans les textes adoptés par le Parlement “une volonté de réintroduire les méthodes du parti unique dans la vie politique”. “Sur le terrain, une fois passés les effets d'annonces, les Algériens constatent la détermination du régime à verrouiller davantage la vie publique et continuer de disposer sans le moindre contrôle de la ressource nationale pendant que les institutions disqualifiées se délabrent les unes après les autres”, ajoute-t-il. L'agitation du croque-mitaine islamiste est aux yeux du RCD une preuve du manque de volonté des tenants du pouvoir à se départir de leur péché mignon : la manipulation. “Le chantage à l'islamisme, affiché par le régime, se traduit dans les faits par le sponsoring systémique des différents courants fondamentalistes. Chaque centre de décision du pouvoir, Présidence ou DRS, sollicite, regroupe et mobilise ses factions pour s'assurer contrôle, reconnaissance et, éventuellement, protection de la future majorité parlementaire”, dénonce-t-il. Peu amène avec les autorités, le RCD critique sévèrement la manière avec laquelle est conduite la diplomatie algérienne depuis le début de l'année avec les différentes révoltes qui ont éclaté dans la région. “Sur le plan diplomatique, le pouvoir algérien navigue sur des trajectoires où se croisent provocations, soumissions et reniements”, relève ce parti, avant de citer les revirements de l'Algérie sur les dossiers libyen, tunisien et même sur celui de la mémoire. “Bousculé par une scène nationale sous tension, cerné par des dynamiques alternatives régionales, le régime algérien achète sa survie en hypothéquant la souveraineté économique par des concessions aussi indignes que dangereuses”, dénonce le RCD. Loin d'être impressionné par la stratégie de fermeture du pouvoir, le parti de Saïd Sadi estime que “le système responsable d'un tel désastre est condamné par l'Histoire” et qu'“une page se tourne dans notre histoire politique”. Parce que “le combat appelle concertation et adaptation méthodologique”, le RCD, prenant acte de la stratégie de fermeture opposée aux légitimes revendications des citoyens, a décidé de tenir son 4e congrès du 1er semestre 2012 pour “apprécier et traiter au plus près des exigences patriotiques la période actuelle”. A. C.