Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle Saïd Sadi a rompu avant-hier le silence qu'il s'est imposé depuis la réélection de M. Bouteflika le 8 avril 2004. S'exprimant sur la chaîne berbérophone BRTV dans l'émission « Points de vue », le président du RCD, dans la peau d'un persécuté, a retrouvé toute sa verve militante et un verbe plus que jamais incisif, confirmant ainsi son divorce avec le régime en place. Très critique envers la gestion par le Pouvoir de la crise en Kabylie, le leader du RCD n'a pas hésité un instant pour confirmer la participation de son parti aux prochaines élections partielles annoncées par le gouvernement. Tout en ménageant cette fois-ci son rival de prédilection, le FFS de Hocine Aït Ahmed, le président du RCD a plaidé même une démarche commune avec son frère ennemi d'hier pour faire barrage aux « voleurs », selon ses dires. Pour Saïd Sadi, les prochaines élections seront une étape décisive pour départager les partis de l'opposition traditionnelle des « prédateurs et mercenaires d'Ouyahia », allusion aux archs dialoguistes et au nouveau parti créé par l'ex-numéro deux du RCD, Amara Benyounès. N'excluant pas la fraude dans les grandes villes, « qui a déjà commencé », selon M. Sadi, le leader du RCD, tout en appelant ses militants et sympathisants à plus de vigilance et de surveillance des urnes, a prédit « la catastrophe » pour la région en cas de défaite de l'opposition traditionnelle en Kabylie, bastion de l'opposition démocratique et de toute les luttes pour l'émancipation de la société algérienne, selon Saïd Sadi. « La reconquête du pouvoir local en Kabylie peut constituer un nouveau départ pour la région et par ricochet pour toute l'Algérie », estime l'ex-candidat à l'élection présidentielle. Saïd Sadi a indiqué avoir entamé une campagne de proximité depuis une année dans les villes et villages de la région pour reconquérir les espaces durant ces dernières années de crise. Une tournée non médiatisée, car, de l'avis de M. Sadi, « les médias algériens sont étouffés et ne peuvent rapporter fidèlement ses déclarations », justifiant au passage son silence qui a troublé plus d'un observateur de la scène politique nationale. Revenant sur la dernière élection présidentielle, le président du RCD n'a pas ménagé l'armée algérienne, qu'il considère « discréditée plus que jamais suite à son ralliement au candidat Bouteflika ». Pour Saïd Sadi, « ce sont les forces terrestres et le DRS qui ont fait réélire Bouteflika ». L'invité de BRTV reconnaîtra néanmoins que la division des rangs de l'opposition a été un élément déterminant dans la réélection de M. Bouteflika. Faisant mea culpa, il indiquera à propos de Hocine Aït Ahmed, « à chaque fois qu'on s'entredéchire, c'est Ouyahia qui en tire profit ». A propos de M. Bouteflika, Saïd Sadi, dont le parti a claqué la porte du gouvernement au déclenchement des « événements du printemps noir », a déclaré que « ni Boumediène, ni Chadli, ni Zeroual ne sont allés jusqu'à recruter des mercenaires pour organiser le chaos en Kabylie ». Interrogé quant à son appréciation du « retour de l'Algérie sur la scène internationale », Saïd Sadi ironisera : « La diplomatie ne se mesure pas par le kilométrage, mais par le nombre d'investisseurs étrangers qui viennent s'installer chez nous, témoignant d'une confiance retrouvée. » Or, ajoute M. Sadi, « ces investisseurs continuent à préférer s'installer au Maroc et en Tunisie ». Deux pays voisins, que le leader du RCD considère être sur la bonne voie en matière de démocratisation et de développement économique, contrairement à l'Algérie, que M. Sadi estime être « en perpétuelle régression ».