Le Conseil national des assurances (CNA) qui est aujourd'hui la seule institution capable de produire de façon régulière des informations fiables sur la situation du secteur annonçait voici quelques jours un chiffre d'affaires de 46,4 milliards de dinars au premier semestre 2011. Après un très mauvais début d'année, l'activité s'est sensiblement redressée au second trimestre. La croissance enregistrée sur les 6 premiers mois de l'année reste néanmoins fort modeste et ne dépasse pas 2,6%. L'assurance automobile continue d'être le moteur de l'activité du secteur avec un chiffre d'affaires en hausse de plus de 8% et une part de marché qui atteint désormais 51%.Les autres branches traversent une période difficile .C'est le cas de l'IARD en régression depuis 2 ans et qui recule encore de plus de 2% au premier semestre 2011 .Au sein de cette branche, même l'assurance CAT- NAT,pourtant restée à l'état embryonnaire, est en recul par rapport à la même période de 2010. Les compagnies privées tirent leur épingle du jeu Les contre-performances récentes des assurances algériennes n'empêchent pas les compagnies privées de faire de bonnes affaires et de continuer à augmenter régulièrement leur part de marché. La suppression du monopole de l'Etat depuis 1995 a principalement profité à un petit nombre de compagnies privées qui ont manifesté un réel dynamisme en élargissant la gamme des produits offerts à la clientèle et en pratiquant une sévère concurrence sur les tarifs notamment dans la branche auto. Avec un chiffre d'affaires de 20,4 milliards de dinars (200 millions d'euros) en 2010, en hausse de 12,5% comparativement à l'année 2009, les sociétés d'assurance à capitaux privés ont réalisé 25,3% de la production totale du marché l'année dernière. La percée des compagnies privées se confirme en 2011. Au premier semestre, la hausse de leur chiffre d'affaires, proche de 10 %, est de nouveau beaucoup plus rapide que la moyenne du secteur à 12,8milliards de dinars tandis que leur part de marché est désormais proche des 30%. Les 7 compagnies privées qui composent aujourd'hui le paysage des assurances algériennes sont donc en route vers une production qui devrait dépasser 25 milliards de dinars cette année. Au cours des dernières années la CIAR est largement en tête du peloton avec un chiffre d'affaires qui a dépassé 6 milliards de dinars en 2010. Elle est talonnée par un groupe compact de concurrents aux dents longues composé d'Alliance Assurances, la 2A , la GAM et Salama dont les chiffres d'affaires en croissance très rapide se situent entre 2 et 3 milliards de dinars. Au sein de ce groupe, la plus dynamique des compagnies du secteur est certainement Alliance Assurances dont l'entrée en Bourse fin 2010 a marqué les esprits. Transparence oblige, la compagnie vient d'annoncer un bénéfice de près de 200 millions de dinars en 2010, tandis que son P-DG Hassan Khelifati a dévoilé un “plan 2015” dont l'ambition est de doubler le chiffre d'affaires en 3 ans .La rentabilité est également au rendez-vous pour Salama qui annonçait récemment 180 millions de dinars de bénéfices en 2010 et se félicite d'une “bonne réputation sur le marché” en raison de délais d'indemnisation rapides. Des délais d'indemnisation qui sont le talon d'Achille de l'ensemble de la profession et dont a particulièrement souffert la GAM qui tente depuis l'acquisition de la compagnie par le fonds d'investissement ECP, pour la somme de 16 millions d'euros, d'apurer le passif et de se forger une nouvelle image. À l'exception notable de 2A assurances, filiale du groupe Arcofina, dont la branche IARD (incendie, accidents, risques divers) représente près de 45% du portefeuille, le principal pilier de l'activité des compagnies privées était constitué au cours des dernières années par la branche automobile .Plus encore que leurs consœurs du secteur public, elles ont su exploiter,selon le CNA, la croissance rapide “d'un parc automobile de plus en plus jeune, incitant à la souscription aux garanties dommages et qui s'est réalisée malgré la suppression des crédits à la consommation intervenue en septembre 2009”. Plus de 60% de la production des compagnies privées était l'année dernière réalisée par la branche de l'assurance automobile. Dans ce domaine, les compagnies privées détiennent désormais près d'un tiers du marché algérien et ont réalisé plus de 7,5 milliards de chiffre d'affaires au premier semestre 2011. La croissance du parc automobile n'est pas seule en cause et la branche s'avère fort rentable en raison de la diversification des produits proposés à la clientèle et de la souscription de garanties facultatives qui représentent désormais plus de 80% de la production de la branche auto. Assurances de personnes : Seule la CIAR Un autre domaine d'activité s'annonçait jusqu'à une date récente comme particulièrement prometteur pour les assureurs privés .Il s'agit de la branche à fort potentiel et en développement rapide des assurances de personnes dans laquelle, selon les données récentes fournies par le CNA, ils faisaient quasiment jeu égal( plus de 42% de part de marché) au premier semestre 2011 avec les compagnies publiques. Les assurances de personnes qui représentent un peu plus de 8% de la production globale du secteur en 2010 et 2011 étaient mentionnées ces dernières années comme un domaine de croissance privilégié par l'ensemble des compagnies privées. Des perspectives qui risquent fort de connaître un coup d'arrêt brutal au cours des mois à venir. Depuis le 1er juillet 2011, en effet ,l'ensemble des compagnies d'assurances algériennes sont tenues de séparer les assurances de personnes et les assurances de dommages en créant des filiales distinctes. Cette mesure s'est accompagnée d'un relèvement sensible du seuil du capital minimum porté à 2 milliards de dinars pour l'assurance dommage et 1milliard de dinars pour les assurances de personnes et de capitalisation. Les sociétés n'ayant pas opté pour la création de filiale d'assurance de personnes peuvent néanmoins poursuivre la gestion des contrats qu'elles détiennent jusqu'à extinction de leurs effets ou transférer, en totalité ou en partie, leur portefeuille à une ou plusieurs sociétés d'assurances agréées. Jusqu'à ces dernières semaines, seules les trois compagnies publiques avaient constitué des filiales spécialisées et étaient donc autorisées à souscrire et à commercialiser des produits d'assurance de personnes. Elles ont été rejointes tout récemment par la nouvelle compagnie Macir-vie créée par la CIAR, première compagnie privée algérienne par le chiffre d'affaires et seule pour l'instant à avoir été en mesure d'imiter ses 3 concurrentes publiques. Quatre acteurs qui trouveront, déjà installé sur le marché algérien Cardif El Djazaïr, filiale assurances de BNP Paribas,qui a signé dès mars 2008 un accord de distribution de ses “produits de prévoyance” (assurance décès, assurance vie ou des produits d'assurance dommage liés aux crédits hypothécaires) avec la CNEP. Le secrétaire permanent du CNA, M. Benbouabdellah assurait en outre voici quelques jours que “d'autres sociétés spécialisées en assurance de personnes sont en voie de constitution et de création”. Le paysage du secteur algérien des assurances, en pleine recomposition, pourrait donc encore évoluer rapidement avant de retrouver des rythmes de croissance plus en rapport avec le potentiel reconnu du marché . H. H.