Malgré les vastes opérations qui sont régulièrement engagées par les autorités locales pour l'éradication de l'habitat précaire, des bidonvilles ou encore des constructions illicites et de fortune qui encouragent l'exode rural, celui-ci n'arrête toujours pas de surprendre et de se reproduire de façon étonnante à travers presque l'ensemble du territoire de la wilaya de Chlef. De l'avis de plusieurs responsables au niveau de la wilaya chargés du traitement du dossier, l'exode rural à Chlef pose problème et demeure une énigme inexplicable mais surtout difficile à élucider. D'une manière générale, le tissu urbain des villes qui sont concernées par des fuites massives et interminables des populations rurales, est aujourd'hui complètement défiguré. Des familles entières dans la plupart des cas accompagnées de leur bétail occupent anarchiquement les alentours des chefs-lieux de communes comme c'est le cas des villes de Chlef, Ténès, Sendjas, Boukadir, Chettia et El Karimia entre autres. “Ils arrivent en premier lieu en masse on ne sait d'où. Ils ramènent ensuite leurs proches et leurs animaux et s'installent, enfin, comme bon leur semble en construisant des gourbis sur des terrains qui appartiennent initialement à des particuliers, ou à l'Etat. Petit à petit, le nombre de ces habitations qui pourrissent au fil des années nos villes augmente sensiblement tout comme celui des familles qui y logent. Au départ, on avait affaire à une seule famille par gourbi. Aujourd'hui, à titre d'exemple, la même habitation de fortune abrite, parfois, plus de quatre familles”, s'indigne un notable de la ville de Chlef qui réside juste à proximité du bidonville d'Ouled Mohamed. Pour celui-ci, ce phénomène ne prendra jamais fin si l'Etat n'assume pas ses responsabilités. Contactés, de nombreux occupants de plusieurs bidonvilles à Chlef et Chettia notamment ont fait savoir que c'est pour des raisons sécuritaires qu'ils ont abandonné leurs douars pendant la décennie noire pour trouver refuge à l'intérieur des villes. Ils sont tous déterminés à ne pas y retourner car, comme ils tiennent à le souligner, ils ont tout perdu là-bas. Ils souhaitent, enfin, être relogés dans de bonnes conditions et ce, dans le cadre du social. AHMED CHENAOUI