Le Syndicat national des magistrats veut battre le fer tant qu'il est chaud ! Au lendemain de l'ouverture officielle de l'année judiciaire et du discours du premier magistrat du pays, le SNM saisit cette occasion pour rappeler que l'indépendance de la justice a un prix : la revalorisation des salaires des magistrats, au même niveau que ceux des hauts responsables de l'Etat et des députés. Sollicités dans deux dossiers chauds, à savoir la lutte contre la corruption, et surtout, la surveillance des élections législatives, les magistrats ne veulent pas faire du volontariat, encore moins prendre le train en marche. Ils martèlent qu'ils ont des exigences socioprofessionnelles malgré tous les avantages dont ils ont bénéficié dans un passé récent et insistent sur le fait que les lois actuelles ne sont pas faites pour garantir une justice “juste”. Sur le fond, le SNM, par la voix de son responsable des relations extérieures, relève “un vide” dans la loi relative à la lutte contre la corruption promulguée en 2006. Selon Moussa Boussouf, cette loi prévoit un seul article “pénal”, prévoyant des peines allant de deux à dix ans de prison ferme à l'encontre des auteurs de délits de corruption, quel que soit le montant détourné, alors que la loi précédente prévoyait plusieurs peines en fonction du montant détourné. Il est inconcevable d'imposer la même loi à celui qui détourne un montant dérisoire qu'à celui qui se rend coupable de détournement d'importantes sommes. La loi relative à la lutte contre la corruption adoptée par l'Algérie en adéquation avec la convention internationale de lutte contre la corruption considère ce crime comme étant “un délit”, a-t-il souligné appelant à alourdir la peine en fonction de l'importance de la somme d'argent détournée. Pour M. Boussouf, la révision de la loi en question relève des prérogatives du pouvoir législatif qu'il appelle à se référer au précédent code pénal qui définit avec détail et progressivement le montant détourné et la peine affligée pour chaque palier. Par ailleurs, le président du SNM a estimé qu'il était impératif que “le pouvoir judiciaire soit considéré au même rang que les pouvoirs législatif et exécutif à tous les niveaux pour consacrer le principe d'indépendance de la justice”. Le SNM “veut rendre cette indépendance palpable et voir les représentants du système judiciaire à l'instar du premier président de la Cour suprême, du président du Conseil d'Etat, du procureur général et du gouverneur de l'Etat près le Conseil d'Etat bénéficier des mêmes avantages et mesures incitatives que ceux dont bénéficient les représentants des deux pouvoirs législatif et exécutif”, a souligné Djamel Aïdouni. Pour ce qui est du contrôle judiciaire des prochaines élections de 2012, M. Aïdouni a indiqué que “les magistrats sont prêts à assumer cette lourde responsabilité qui leur incombe”. Azzeddine Bensouiah