Pour le leader du RCD, ce renouveau politique permettra de faire tomber les obstacles qui s'opposent à une véritable intégration régionale “par le haut”. Au-delà de ses répercussions sur le plan interne, la prochaine échéance présidentielle, si elle consacre une alternance générationnelle, pas dans le sens biologique du terme, mais dans son acception de culture politique, aura immanquablement une résonance majeure sur le Maghreb. L'enjeu est important pour l'Algérie, d'autant que les pays voisins, le Maroc et la Tunisie en l'occurrence, sont en train de vivre des expériences susceptibles de produire une convergence démocratique plus rapide qu'“on ne le pense”. Sur un autre registre, dans un monde unipolaire, le Maghreb est acculé de réussir son intégration au risque de se voir imposer des solutions sur lesquelles il n'a aucune prise. Voilà en substance, l'idée force développée, lundi soir, par le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie(RCD), le Dr Saïd Sadi, lors d'une conférence-débat sous le thème “Afrique du Nord-Union européenne”, organisée au siège du parti à Alger. Pour Saïd Sadi, la construction maghrébine, dans les trois pays s'entend, en raison de leurs affinités culturelles, historiques, économiques et géostratégiques, est très possible aujourd'hui dans la mesure où beaucoup d'indices plaident en faveur de cette cause. “Le Maroc a engagé un véritable processus de modernisation. Le statut qui vient d'être accordé à la femme marocaine constitue à ce titre une véritable révolution dans le monde musulman. La Tunisie, de son côté, prépare sa transition démocratique. Et l'Algérie, en dépit des atermoiements et autres lâchetés de ses dirigeants, ne tardera pas à franchir le pas pour l'abrogation du code de la famille, car il y a une synergie entre les trois pays”, fait observer le patron du RCD. Cependant, le Dr Sadi ne manque pas de faire observer que si chez les pays voisins le progrès social “est venu d'en haut”, en Algérie en revanche “c'est la société qui provoque et propose des perspectives qui n'ont pas connu à ce jour des prolongements dans les institutions”. “D'un côté, nous avons un pouvoir “kysté” et de l'autre une société en ébullition”, dit-il. Contrairement à l'idée assez répandue, les régimes en place ne constituent pas, à ses yeux, des obstacles à la convergence démocratique dans le Maghreb car elle est irréversible, d'une part, et il y a une rupture générationnelle chez les voisins, d'autre part. “Il reste uniquement à l'Algérie d'opérer la sienne”, estime Sadi. En dépit des vicissitudes du moment, le patron du RCD est plus que jamais convaincu que l'avenir du Maghreb est dans la démocratie de proximité. En supprimant les frontières et en assurant la citoyenneté aux Maghrébins, l'intégration est possible et, par ricochet, arrêtera l'hémorragie que représentent la fuite des cerveaux et l'immigration. Sadi relève également qu'aucun des trois pays ne peut assurer, à lui seul, ni sa sécurité ni son développement. Tout comme il soutient que la question du Sahara occidental ne peut trouver une solution en dehors des instances internationales et d'une convergence démocratique. “La dynamique démocratique absorbe les tensions et les passions”, fait remarquer Sadi. Sur un autre plan, un Maghreb intégré sera une locomotive démocratique pour les pays musulmans, mais plus globalement, assurera un partenariat viable avec l'Europe, et un catalyseur à l'essor de l'Afrique. C'est pourquoi, il appartient à la nouvelle génération de politiques dans les trois pays de se charger de cette mission de construction et de relever le défi, estime Sadi. “Il y a un discours adulte qui peut être mené chez la nouvelle génération politique des trois pays”, affirme-t-il. En définitive, ajoute Sadi, si l'élection de 2004 consacre la rupture et apporte la stabilité, la fédération maghrébine relèvera du court terme. À défaut, l'Algérie en pâtira et partant, l'Europe nous imposera des solutions sur lesquelles nous n'avons aucune prise, conclut-il. K. K.