Omar invente des histoires auxquelles il croit dur comme fer, au grand désespoir de ses parents. Ce jour-là, en revenant de l'école, il aperçoit un chat noir qui l'impressionne par sa taille. Mais il n'y a pas que la taille qui surprenne chez ce chat : il a deux queues ! Deux longues queues, noires comme le reste du corps, avec, pour chacune, une touffe de poils blancs. Un chat à deux queues, il n'en a jamais vu. Il a déjà imaginé des chats rouges ou roses, des chats avec des cornes et, quand il a lu le chat botté, des chats portant des chaussures, mais un chat à deux queues, il n'y a pas pensé. -Minou, minou… Il voudrait bien l'attraper et l'emmener à la maison, mais le chat se retourne vers lui, sortant ses griffes, montrant de solides crocs. Cette bête pourrait lui sauter dessus et peut-être même le dévorer. Il fait marche arrière et se sauve à toute jambes. Par bonheur, le chat ne le poursuit pas, et il peut arriver sain et sauf à la maison. Mais il est si effrayé qu'il perd le souffle. -Ma.. ma… ! gémit-il. Sa mère, habituée à ses incartades, le secoue. -Qu'est-ce qu'il y a ? Je t'ai déjà dit de ne pas courir, tu vas faire éclater ton cœur, un jour ! - Le chat, le chat... dit-il. - Mais de quel chat parles-tu ? - Le chat noir ! - Calme-toi ! Elle lui enlève le sac collé à son dos et l'oblige à s'assoire. - Maintenant, dis-moi ce qui s'est passé. - J'ai vu, dit-il, un chat noir… Un gros chat noir… mais si gros, si gros, qu'on dirait un chien ! - Arrête de mentir, Omar ! - Le chat est très gros, très agressif, il voulait me sauter dessus, mais j'ai réussi à m'enfuir ! - C'est un chat normal que tu as du taquiner… - Non, c'est un gros chat, et je n'ai pas tout dit à son propos : il a deux queues ! La mère le regarde, d'abord stupéfaite, puis éclate. - Et moi qui croyais que tu as réellement été attaqué par un chat… tu ne changeras pas ! - Mais je t'assure que le chat voulait m'attaquer ! - Un chat gros comme un chien…un chat à deux queues ! - Je t'assure que c'est la vérité ! - Arrête de mentir ! Cette fois-ci, tu as dépassé les bornes ! Elle le dit à ses frères et à son père qui rentrent un peu plus tard. -Vous savez ce que le petit garnement a vu cette fois-ci ? Un chat gros comme un chien et portant deux queues ! Si ses frères se gaussent de lui, son père, lui, n'a pas du tout envie de rire. Il le prend brusquement par les épaules et le secoue. - Quand est-ce que tu vas cesser de fabuler ? - Je t'assure que j'ai vu le chat ! Il le secoue encore plus fort ! - Arrête de mentir ! Si tu continues, je vais t'enfermer dans le placard et je t'y laisserait toute la nuit ! (À suivre) G. B.