Depuis qu'une certaine effervescence secoue le complexe SNVI Rouiba, les revendications de l'UGTA restent difficiles à identifier. Pourtant ce n'est pas faute de discours. Le rassemblement d'hier devant le siège de la Centrale du syndicat “officiel” n'a pas beaucoup avancé vers la clarté des exigences ouvrières. Malgré nos efforts, nous n'avons pu préciser que quelques maigres griefs : ceux faits aux “dirigeants”, eux-mêmes personnalisés par les “Sociétés de gestion des participations”, qui recruteraient des cadres à la retraite et ceux concernant “les droits syndicaux” qui renvoient au droit de créer des sections syndicales dans les unités de production et aux pressions subies par les travailleurs qui, dans la zone industrielle, tentent de se syndiquer. On ignore le nombre de retraités qui occupent des fonctions de cadre dans les SGP et entreprises publiques, mais on peut subodorer que ce n'est pas là la principale hypothèque dans l'emploi des jeunes. Y compris des jeunes cadres. L'état du système de formation, en général, et de l'université, en particulier, justifie largement le recours aux anciens cadres dans un premier temps mis au repos. Mais, puisque dans ce curieux soulèvement qui a tout l'air d'une théâtrale agitation, il faut une cible, allons-y pour les SGP qui, pourtant et comme chacun le sait, ne gèrent pas les entreprises et ne recrutent pas pour elles. Restent les droits syndicaux que certaines entreprises privées ne respectent pas, ce qui n'est donc pas le cas de la SNVI : est-ce à dire que l'UGTA inaugure une pratique inédite, celle du mouvement de revendication par procuration ? Si c'est le cas, les adjoints d'éducation en ont grandement besoin et c'est vers eux que la solidarité syndicale aurait dû regarder. “Le rassemblement d'aujourd'hui ne vise pas des revendications salariales mais l'application des lois, notamment celle relative au droit syndical”, disait hier un responsable syndical. C'est justement la raison pour laquelle ce mouvement est suspect : il n'a pas de revendications concrètes. Le souci de la réussite “des réformes du Président” jette le doute sur la nature syndicale de cette bruyante mobilisation. En outre, si la loi ou le simple bon sens étaient appliqués, la SNVI aurait été plus d'une fois mise en liquidation. Reste l'usage subitement inconsidéré de la menace de la part d'une “organisation de masse” qui n'est pas connue pour son penchant subversif. Elle veut faire peur à qui ? Aux SGP ? Elles n'ont pas la prérogative de l'application du droit syndical. Au ministre de l'Industrie ? Alors pourquoi le désolidariser avec son Président, chef de l'Exécutif, pour demander à ce dernier : “Bouteflika, débarrasse-nous des vieux pour que les jeunes travaillent” ? Et puis cet étrange et ultime avertissement lancé par Messaoudi : “Nous allons rencontrer le ministre de l'Industrie ; s'il y a des tergiversations, on leur donnera rendez-vous dans dix jours à Rouiba pour un match retour. L'arbitre sera de notre côté. Ce match, on va le gagner…” C'est qui l'arbitre dans un “match” opposant un syndicat à… un ministre ? Et d'où le syndicaliste tire-t-il cette assurance sur les faveurs de “l'arbitre” ? On se disait bien que, dans cette histoire, il y a anguille sous roche. Prochaine séance dans dix jours, donc. À suivre. M. H. [email protected]