L'Iran a tiré hier un missile de moyenne portée lors de manœuvres navales près du détroit d'Ormuz, stratégique pour l'approvisionnement pétrolier mondial, quelques heures après que Washington eut renforcé ses sanctions contre le secteur financier de la République islamique. “Ce missile de moyenne portée surface-air est équipé de la technologie la plus récente pour combattre les cibles furtives et les systèmes intelligents qui tentent d'interrompre la trajectoire du missile”, a indiqué l'amiral Mahmoud Moussavi, cité par l'agence officielle Irna. Il s'agissait du premier test de ce type de missile, “conçu et fabriqué” en Iran, selon lui. Les manœuvres navales, entamées le 24 décembre, se déroulent autour du détroit d'Ormuz, par où transite entre un tiers et 40% du trafic maritime pétrolier mondial, et que Téhéran a menacé de fermer en cas de nouvelles sanctions contre ses exportations pétrolières. Aujourd'hui, ces exercices se termineront par une manœuvre destinée à tester la capacité des forces navales à fermer le détroit, selon l'amiral Moussavi. “À partir de demain matin, une majorité de nos unités navales – de surface, sous-marines et aériennes – vont se positionner selon une nouvelle formation tactique destinée à rendre impossible le passage de tout navire par le détroit d'Ormuz si la République islamique en décide ainsi”, a affirmé l'amiral, cité par l'agence Isna. Cette démonstration de force intervient au moment où les pays occidentaux accentuent leurs pressions sur l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé. Samedi, le président des Etats-Unis, Barack Obama, a d'ailleurs promulgué une loi de financement du Pentagone renforçant les sanctions contre le secteur financier de l'Iran. “Si les intérêts vitaux de notre pays sont menacés par l'ennemi, nous répondrons à la menace par une menace de notre part sur plusieurs fronts”, a répliqué hier le général Hossein Salami, n°2 des Gardiens de la révolution, cité par Isna. Le prix du pétrole avait grimpé après que le vice-président iranien eut menacé que “pas une goutte de pétrole ne passe par le détroit d'Ormuz” en cas de nouvelles sanctions. Il a cependant de nouveau retrouvé son niveau quand les analystes ont affirmé que la fermeture d'Ormuz serait un désastre pour l'économie iranienne et pourrait provoquer une action militaire des Etats-Unis et de leurs alliés du Golfe. Auparavant, le négociateur en chef iranien Saïd Jalili avait affirmé que Téhéran était prêt à reprendre les discussions avec les puissances mondiales sur le nucléaire, tout en menaçant d'une “riposte”. “Nous allons lancer une riposte retentissante et sur de nombreux fronts à toute menace contre la République islamique d'Iran”, a-t-il déclaré devant des ambassadeurs iraniens réunis à Téhéran, cité samedi par les médias. Mais lui-même et d'autres responsables iraniens ont laissé la porte ouverte à une reprise des négociations, suspendues depuis un an, conduites par la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, sur les inquiétudes occidentales au sujet du programme iranien. Les Etats-Unis et certains pays européens ont déjà adopté des sanctions contre les secteurs pétrolier, gazier et pétrochimique iraniens. Après huit ans d'enquête sur l'Iran, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a publié un rapport composé d'un vaste catalogue d'éléments “crédibles” indiquant que le pays avait travaillé à la mise au point d'une arme nucléaire. Des assertions rejetées par Téhéran. R. I./Agences