La commission de réflexion de la Ligue de football professionnel (LFP), installée au début du mois de septembre 2010, a remis il y a quelques jours son rapport préliminaire au conseil d'administration de la LNF, qui l'a transmis à son tour aux 32 clubs professionnels, en vue de l'enrichir et émettre éventuellement des réserves avant le 10 janvier pour être présenté de nouveau au conseil d'administration le 12 du même mois, afin d'étudier les réserves émises par les clubs et introduire les propositions. “Nous espérons recevoir le maximum de remarques des clubs, car à ce jour où je vous parle, soit le 1er janvier 2012, nous n'avons encore reçu aucun dossier, il reste encore une semaine avant la clôture du délai fixé au 10 janvier. Je ne vous le cache pas, on compte beaucoup sur la collaboration des présidents, car nous avons travaillé à quatre sans relâche durant deux mois, on veut bien que les autres enrichissent ce rapport préliminaire qui cerne un peu si vous voulez les problèmes qu'on a rencontrés sur le terrain durant la seconde année du professionnalisme, ce n'est qu'un constat et des recommandations au nombre de sept qu'on a faits. Je sais qu'on n'a pas peut-être tout repris, il se peut qu'on ait oublié des choses, c'est pour cela qu'on sollicite l'intervention des autres présidents pour enrichir ce rapport qui, une fois élaboré, j'en suis persuadé, va booster le football, si bien sûr les recommandations faites sont prises en considération. Je suis toutefois optimiste pour l'avenir de notre football, en dépit de toutes les carences et les insuffisances qu'on a relevées, car elles peuvent être corrigées, si tout le monde met son grain de sel”, nous a affirmé Kamel Madani, président du MOC et l'un des principaux artisans de ce rapport aux côtés de Mouldi Aïssaoui (USMA), président de cette commission de réflexion, ainsi que les deux autres membres, Morro Mohamed (ASMO) et Kamel Abdelouahab (MCA). Le rapport composé de neuf pages et scindé en trois parties, dont Liberté détient une copie, est livré par nos soins à nos lecteurs en exclusivité. Le rapport une fois finalisé sera transmis au président de la République, au premier ministre, au ministre de la Jeunesse et des Sports et au président de la FAF. Ainsi, le premier volet du rapport fait un état des lieux du football. “Le championnat national de football vient de terminer sa première saison de l'an un de l'ère du professionnalisme, et même s'il est trop tôt pour porter un jugement objectif sur les chances de réussite de ce processus, il est néanmoins possible de donner quelques appréciations. Premièrement, il est utile de rappeler qu'il s'agit d'abord d'un événement marquant dans la société algérienne. D'ores et déjà, nous pouvons parler d'un événement majeur pour l'ensemble de la société algérienne en général et pour la Fédération algérienne de football en particulier. Ce projet est condamné à réussir au vu des énormes enjeux qui l'entourent ! Qu'entendons-nous par enjeux ? Ce projet (professionnalisation) n'est pas né d'une relation entre l'offre et la demande, il n'est pas né d'un besoin du marché national, ce ne sont pas les actionnaires ni les clubs qu'ils l'ont décidé, ce n'est donc pas des raisons économiques immédiates qui ont motivé cette décision. Ce projet a vu le jour suite à une décision politique, prise au plus haut niveau de l'état algérien ! Et s'inscrit largement dans le cadre de la mondialisation de l'économie. En effet, le football obéit à des lois économiques. Ce passage forcé de la globalisation dans notre économie, présenté avec une finesse relative par le discours officiel, est perçu différemment par les différents acteurs chargés de son application. Le discours officiel parle de renaissance… La renaissance qui marque tous les domaines de la vie nationale doit s'étendre au monde du sport. Le champ législatif censé régir le fonctionnement et limiter les contours de ce projet est resté quant à lui très évasif. Ce champ législatif prévoit entre autres la prise en charge, par le gouvernement, d'une série de mesures durant les cinq prochaines années, la mise en œuvre de l'ensemble des normes légales et réglementaires du sport, en vue de rationaliser l'organisation de ce secteur et d'y réhabiliter totalement les règles de morale et d'éthique qui doivent le régir”, lit-on. Les huit projets pris en charge par l'état Les rédacteurs du document rappellent par la suite les huit projets pris en charge par le gouvernement dans le cadre du Fonds de soutien public aux clubs professionnels de football. Il s'agit donc de : l Projet n°1 : L'étude pour la réalisation d'un centre d'entraînement. l Projet n°2 : La réalisation du centre d'entraînement à hauteur de 80%. l Projet n°3 : L'acquisition d'autobus. l Projet n°4 : Le déplacement des équipes et du personnel d'encadrement technique et médical ainsi que du staff dirigeant de notre club par avion à l'intérieur du pays, à l'occasion des compétitions officielles pour 25 personnes au maximum par déplacement sur une distance égale ou supérieure à 300 km à partir du siège du club, et ce, à hauteur de 50%. l Projet n° 5 : Le déplacement de l'ensemble des équipes, toutes catégories confondues, et de leur encadrement. l Projet n° 6 : L'hébergement et la restauration des joueurs des jeunes catégories. l Projet n° 7 : La rémunération d'un entraîneur pour chaque équipe de jeunes. l Projet n° 8 : La mise à disposition des clubs pendant 4 ans de la somme de 25 millions DA utilisée comme fonds de roulement, lit-on encore. Les membres de la commission rappellent un extrait du discours d'Abdelaziz Bouteflika, tenu le 30 décembre 2009 lors du Conseil des ministres. S'agissant du dossier particulier du football, le président de la République a tenu à relever l'importance qu'il revêt dans notre pays et notamment pour la jeunesse. Dans ce contexte, le chef de l'Etat a chargé le gouvernement de prendre toutes les dispositions requises en vue d'une bonne préparation et d'une participation efficace de l'équipe nationale de football aux compétitions africaine et mondiale …Il a aussi précisé : “Le récent succès méritoire de notre équipe nationale de football ne doit pas occulter l'ampleur de la tâche à accomplir dans cette discipline ; bien au contraire, cela devra servir de catalyseur pour opérer une véritable renaissance du football national, par une conjugaison des efforts des pouvoirs publics, de la fédération concernée et des dirigeants des clubs…” À cet effet, le gouvernement a été instruit de s'atteler sans délai, de concert avec les instances sportives nationales concernées, à la mise en place d'un programme de travail en vue de doter les clubs de l'élite de centres de formation ainsi que de cadres et managers compétents, avec un concours public approprié sur la base de cahiers des charges stipulant les obligations des clubs à contribuer, notamment, à la lutte contre la violence dans les stades, à prendre part aux compétitions réservées aux jeunes catégories, ainsi que leurs obligations de résultats. “La renaissance qui marque tous les domaines de la vie nationale doit s'étendre au monde du sport. Le sport a récemment démontré ses vertus mobilisatrices de la Nation qu'il nous appartient d'entretenir et de canaliser en tant que dynamique pérenne au service de l'ensemble du pays, et particulièrement au service de la jeunesse qui y puise un surcroît de fierté”, a conclu le président de la République. Le MJS veut garder un droit de contrôle sur les SSPA Le rapport épingle le ministère de la Jeunesse et des Sports. Par contre au niveau des ministères concernés et particulièrement celui de la Jeunesse et des Sports, cette notion de professionnalisation est très mal perçue : on remarque, à travers la circulaire du 1er juillet portant cahier des charges, que le ministère veut garder un droit de contrôle sur les sociétés sportives commerciales et étend son intervention jusqu'à la prise en charge de certains problèmes d'ordre logistique. Au niveau législatif et règlementaire, on retrouve la même approche telle que conçue par le législateur, le décret exécutif 06-264 déterminant les dispositions applicables au club sportif professionnel et fixant les statuts types des sociétés sportives commerciales, se référant lui-même à la loi 04-10 du 10 août 2004 relative à l'éducation physique et au sport, qui répondrait à deux attentes : L'une de type généraliste et concerne l'entrée progressive du sport en général dans le domaine économique. L'autre, plus appuyée, concerne le football en particulier et son introduction dans le professionnalisme, suite aux recommandations ou injonctions de la FIFA. (M. Jean Luc, expert auprès de la FIFA, rejette cette hypothèse et soutient que l'adhésion des fédérations au professionnalisme est libre et volontaire). La dernière qualification de l'équipe nationale en Coupe d'Afrique et Coupe du monde vient de donner une nouvelle dimension au football algérien et de nouvelles responsabilités à l'ensemble de ses acteurs. Notre football est devenu un facteur de cohésion nationale et donc, naturellement, potentiellement un facteur du contraire. Cette nouvelle dimension est à elle seule suffisante pour que soit redessiné le cadre institutionnel dans lequel évolue notre football national. En voulant justement codifier le club sportif en général et le club de football en particulier, ce texte laisse une grande place à différentes interprétations, ainsi les responsables des clubs se posent beaucoup de questions ! Justement : par exemple : les clubs sportifs amateurs de football continueront-ils d'exister ? Cette question, qui paraît d'une grande simplicité, est en fait au cœur de la bataille sans merci mais courtoise que se livrent pouvoirs publics et instances sportives internationales. Il ne faut jamais oublier que, dans cette affaire, les clubs ne sont pas devenus “professionnels” mais actionnaires dans des sociétés sportives commerciales, autrement dit, la relation des pouvoirs publics avec les sociétés sportives par actions dépend de la relation des ces sociétés avec les clubs. Le dispositif mis en place par les pouvoirs publics pour maintenir et renforcer les clubs dans leur rôle associatif est ambigu et complexe à la fois, aussi le risque de voir certains clubs disparaître à cause même de ce dispositif est très grand, conclut le document dans cette première partie. R. A.